ActualitéNationSociétéUne

Implication des personnes handicapées dans les processus électoraux: Les recommandations de la COIPH pour une action réussie

Ce que vous devriez savoir : La participation des personnes handicapées à la vie politique doit être une réalité au Bénin. C’est le leitmotiv de l’Ong Creuset d’orientation et d’intégration des personnes handicapées qui met en œuvre le projet « Droits politiques des personnes handicapées en action » depuis janvier 2024 et dont le président Abdel Rahman Ouorou Barè, a animé une conférence de presse, le jeudi 5 décembre 2024. C’était au siège de la Fédération des personnes handicapées du Bénin.

Au cours de cet échange avec les hommes des médias, le président a énuméré les difficultés auxquelles font face les personnes handicapées dans l’exercice de leur droit et devoir citoyen avant de faire des propositions visant à corriger le tir. Rappelant que la Constitution Béninoise du 11 décembre 1990 en ses articles 5, 6, 25 et 26 pose le principe de l’égalité de tous devant la loi, il a souligné qu’il est inadmissible que les personnes handicapées soient encore à l’étape de ne pas jouir convenablement de leur droit dans le domaine politique. « Les droits politiques comme le droit de voter, de se présenter à des élections et d’être élu sont des droits humains fondamentaux », a commencé Abdel Rahman Ouorou Baré qui ajoute « en dépit de l’existence d’un cadre juridique prometteur, de nombreuses personnes handicapées rencontrent encore des difficultés lorsqu’elles essayent d’exercer ces droits. Elles se heurtent à de multiples problèmes liés à l’accessibilité des bureaux de vote et des informations et sont encore trop souvent considérées et traitées comme des citoyens de seconde zone ». « Les personnes handicapées sont souvent identifiées comme des personnes à charge. On ne voit à travers elles que dépendances, incapacités et prise en charge, somme toute des personnes sans autonomie et donc incapables de remplir une mission politique », a indiqué le président du creuset tout en insistant sur les obstacles juridiques et administratifs qui portent sur des restrictions juridiques au droit de vote de certaines personnes handicapées, en particulier celles souffrant d’un handicap psychosocial ou intellectuel. Parlant d’autres obstacles, il a laissé entendre : « le manque d’informations accessibles sur les réunions et consultations publiques, les partis politiques, le vote et l’inscription sur les listes électorales ; l’inaccessibilité des transports vers les réunions publiques ; l’inaccessibilité physique pour accéder aux bâtiments publics, y compris les tribunaux, les centres d’inscription sur les listes électorales et les bureaux de vote ; l’absence d’informations accessibles sur les procédures de vote pour les électeurs présentant des handicaps sensoriels ; l’absence de dispositifs ou de méthodes de vote alternatifs pour les personnes présentant des handicaps sensoriels ». Autant de problèmes que, s’ils ne sont pas résolus, feront de la participation politique des personnes handicapées en tant qu’électeur et éligible, une farce. C’est alors qu’il a fait des propositions pour amener à un changement de paradigme.

 

Comment faire pour y parvenir ?

Des actions concrètes : Pour faire accroître la participation politique des personnes handicapées, le président Ouorou Baré a fait savoir qu’il faut cesser de lier le droit de vote à la capacité juridique ; prévoir une assistance au vote qui garantit indépendance et autonomie ; sensibiliser les partis politiques à faire preuve d’un engagement concret à rendre la vie politique plus diverse et représentative de la population ; rendre accessible tout l’arsenal lié aux processus électoraux ( bâtiments, informations, matériels……) ; développer une éducation et une information des électeurs accessibles et inclusives. Il a aussi proposé de former les responsables des institutions charges des élections, de développer les bulletins de vote accessibles surtout pour l’acteur déficients visuels; de garantir des systèmes de plaintes électorales accessibles; de concevoir les programmes d’éducation civique afin d’y inclure le handicap garantissant ainsi une bonne image des personnes handicapées. Il a également préconisé qu’il soit utilisé des technologies accessibles, comme des sites Internet accessibles et des machines de vote électronique qui soient pleinement accessibles aux personnes handicapées; le développement de guides de vote tactiles pour les électeurs non-voyants ou malvoyants afin de faciliter un vote secret et sans assistance.

« Il faut des aménagements permettant la signature du bulletin de vote avec les empreintes de pied ou de coude pour les électeurs privés de leurs bras; placer les urnes sur une table basse pour les personnes en fauteuil roulant; lancer des campagnes de sensibilisation aux droits politiques des personnes handicapées de manière à combattre et à démonter les stéréotypes concernant leur capacité à participer à des élections et à s’y présenter», a-t-il insisté avant conclure « somme toute, il est important de reconnaitre l’engagement de l’Etat pour l’inclusion sociale des personnes handicapées par le vote de la loi N°2017-06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin et la prise des décrets d’application de ladite loi, le 21 juin 2023».

B.K.