Disparition et réapparition mystérieuses d’Odile Ahouanwanou: Le silence coupable des autorités administratives et sportives
*Il faut « sauver » l’Amazone en détresse
*Quid du suivi des boursiers olympiques béninois ?
Portée disparue depuis le 10 septembre 2024 après avoir confié son petit garçon de moins de deux ans à l’assistance maternelle via son entraîneur et manager Vincent Turpin du Stade Sottevillais de Rouen, l’athlète béninoise Odile Ahouanwanou est rentrée « saine et sauve » dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 septembre 2024. Suite à sa disparition mystérieuse et l’inquiétante annonce de la Police de Rouen, c’était la consternation générale dans le rang des différentes familles (au Bénin comme en France). Bien que son retour soit un soulagement, beaucoup de questions taraudent encore les esprits.
Pourquoi Odile Ahouanwanou a-t-elle disparu et réapparu plusieurs jours après ? Difficile de le dire pour l’heure. Une évidence, la triple championne d’Afrique d’Heptathlon, qui avait quitté la maison le 10 septembre 2024 après avoir demandé à son Vincent Turpin, entraîneur manager du Stade Sottevillais de Rouen de lui déposer son petit de 20 mois auprès de l’assistance maternelle était de retour dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 septembre 2024. Un retour, synonyme d’un ouf de soulagement pour les différentes parentes, alliées et amis de la France comme du Bénin et qui laisse perplexe plus d’un sur les réels mobiles de cette « mystérieuse disparition ». Et pour cause, ce fait qui n’est pas du tout anodin ne ressemblerait pas à l’athlète béninoise selon les témoignages de son entourage. « Ce qui se passe ne correspond pas à la Odile que je connais », avait confié Vincent Turpin au média français France Bleu Normandie. A l’en croire, la jeune femme franco-béninoise de 33 ans était décrite telle « une personne fidèle, croyante et comme une mère aimante ». Alors, qu’est ce qui aurait pu se passer pour que la native de Savalou (Ville située à plus de 300 Km au Nord-Ouest de Cotonou au Bénin) puisse disparaître et réapparaître de cette façon-là ?
Le silence coupable des autorités administrative et sportive
Dès l’appel à témoin lancé par la Police de Rouen sur sa disparition inquiétante et largement partagé sur les réseaux sociaux, les différentes autorités politiques et sportives (françaises et béninoises) ont été également saisies pour retrouver Odile Ahouanwanou qui n’a plus donné de ses nouvelles depuis plusieurs jours. Ainsi, les ministères béninois des Sports et des Affaires étrangères de concert avec les différentes chancelleries (Ambassade du Bénin près la France et celle de la France près le Bénin) ont mis en branle l’arsenal pour développer la perception de retrouver l’Amazone. In fine, le Procureur de la République près de Rouen avait dans son communiqué privilégié uns piste plausible de disparition volontaire. On en était là, lorsque son retour dans sa famille à Rouen dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 septembre derniers a été annoncé.
Et depuis, c’est l’omerta. Toutes les tentatives de notre Rédaction pour avoir des informations sur les causes de cette disparition et réapparition mystérieuses de l’athlète béninoise sont restées vaines. On s’est heurté à un mur de silence de la part des autorités et autres personnalités (politiques et sportives) contactées par nos soins. C’est le calme plat aussi du côté de Rouen. Un silence coupable puisqu’il faut aller au-delà du simple fait qu’elle ait rentrée « saine et sauve ».
Il faut « sauver » l’Amazone en détresse
Normalement, après son retour dans le cocon familial, la triple championne d’Afrique d’Heptathlon devrait être récupérée par des services compétents pour des examens cliniques. Ensuite, on lui fera la maïeutique afin de savoir les vrais motifs de sa disparition et de sa réapparition. Ensuite, elle sera soumise à une audition par les services judiciaires de Rouen notamment, de la part du Procureur. Enfin, il sera demandé aux autorités administratives et politiques du Bénin et de la France de savoir les mesures à prendre afin d’aider l’athlète dans cette détresse. Car, plusieurs raisons pourraient expliquer ces comportements développés par l’athlète ces derniers temps.
Déjà absente pour les derniers Jeux Olympiques de Paris 2024 pour lesquels elle n’a pas pu recueillir le ranking nécessaire, Odile Ahouanwanou qui sortait championne des Championnats d’Afrique d’Athlétisme au Cameroun pourrait être sous ce choc. Surtout que sa période de maternité ne lui avait pas permis de faire les compétitions qui devraient l’aider à composter son ticket à ces J.O, cela pourrait virer au naufrage. Dans ce paysage familier, l’Amazone béninoise peut vouloir stimuler ses émotions en manifestant la mélancolie. Le niveau se dégrade et il ne faut plus la quitter de l’œil. Donc, ce silence et cette inaction des dirigeants par rapport à cette situation sont suicidaires pour une athlète en détresse.
Quid du suivi des boursiers olympiques béninois ?
L’autre mal qui freine le plein épanouissement des talents sportifs souvent bénéficiaires des bourses olympiques béninoises reste le suivi. Ils sont plusieurs à se révéler dans les différentes disciplines sportives puis, bénéficient de ces bourses olympiques. Malheureusement, ils quittent les radars après quelques années et convertissent leurs talents de sportifs dans d’autres activités. Sinon, comment comprendre qu’ils ne répondent souvent pas aux grandes compétitions pour lesquelles les bourses leurs sont octroyées.
D’abord, beaucoup estiment que les bourses sont insuffisantes pour leur prise en charge intégrale. Ainsi, il faut colmater les brèches pour avoir l’équilibre nécessaire. Dans ce cas, ils s’adonnent à d’autres activités extra sportives. Pour certains, il faut trouver un conjoint ou une conjointe du pays d’adoption ou d’autres nationalités pour pouvoir supporter les charges. Pour d’autres, l’activité sportive est reléguée au second plan et est souvent remplacée par celles génératrices de revenus. Dans un cas comme dans l’autre, les bourses ne suffisent point pour leur permettre de subvenir à leurs besoins et d’embrasser une véritable carrière sportive.
Ensuite, il faut lever le mystère qui entoure l’octroi de ces bourses surtout dans les choix opérés par le Comité National Olympique et Sportif du Bénin (CNOS-Ben). Il serait judicieux d’élire moins de talents sportifs dédiés à de brillantes carrières que de faire des choix souvent pas nécessaires. La suite, on l’a connait. Donc, mieux vaut choisir le peu et de mieux les prendre en charge que de vouloir prendre un nombre sans toutefois se soucier de leur devenir.
Enfin, on note un manque criant de suivi des athlètes par les dirigeants sportifs. Il y a souvent cette bataille de paternité qui se nourrit entre les Fédérations sportives auxquelles appartiennent les athlètes et le CNOS-Ben. Une ambiance qui ne favorise pas une réelle éclosion des talents. Une guerre inutile qui créé de désagrément à tout le mouvement sportif. Il est alors impérieux d’instituer un mécanisme de suivi rigoureux des athlètes afin de garantir un avenir radieux aux athlètes et à la Nation entière. Et que ces genres de situations ne se reproduisent plus.
Ambroise ZINSOU