Transversale: Trop d’étrangers !
La professionnalisation du sport béninois déchaîne les passions et affole les compteurs. Avec la volonté manifeste du Gouvernement de la Rupture de révéler le Bénin à travers le sport et la mise en place des Sociétés Sportives, certains dirigeants sportifs débordent d’énergie pour avoir le dessus du panier. Ainsi, les différents championnats professionnels surtout, ceux des disciplines collectives (Basket-ball, Volley-ball, handball et Football) ont institué le mécanisme via leurs règlements respectifs de compétition, de définir un quota pour les joueurs de nationalités étrangères. Si du côté du volley-ball les conditions sont acceptables (3 étrangers par club et 2 sur la feuille de match), du basket-ball (3 étrangers par club avec exigence que 3 joueurs de nationalité béninoise doivent être en permanence sur le terrain) et du handball (5 joueurs étrangers : 3 en transfert normal, 2 en prêt avec possibilité d’avoir les 5 sur le terrain), le phénomène est criant en football où, il est recommandé 10 joueurs étrangers par club. Donc, il arrive parfois que, sur des matches du championnat béninois de football où, il n’y a qu’un seul joueur de nationalité béninoise sur le terrain pour une équipe. A ceux-ci, il faut ajouter les joueurs nés du RAVIP que nous appelons les « Bébés RAVIP) qui ont pour langue officielle de travail, l’anglais. C’est vrai que nous sommes dans une compétition à enjeux et tous les moyens qui n’enfreignent pas aux règles établies sont bons pour échapper à la déchéance. Il est aussi évident, selon les analyses de certains, que l’apport de ces joueurs étrangers hausse les différents niveaux de compétitions des disciplines concernées. Qu’à cela ne tienne. Toutefois, cette méthode qui semble toucher les cimes au niveau du football béninois, devient un avantage exorbitant qui ne laisse pas une grande marge de manœuvre aux jeunes locaux. D’aucuns diront qu’ils n’ont qu’à travailler dur pour atteindre ou surpasser le niveau des autres. Cela va aussi de soi, puisque rien n’est fait par les dirigeants sportifs pour freiner cette pratique à la longue. Ce qui ne créé pas une saine émulation au niveau des jeunes apprenants qui font souvent une croix sur leur carrière. C’est d’autant plus inquiétant que d’autres pensent qu’il fallait se confier à un marchand d’orviétan pour réussir sa carrière. Dans un cas comme dans l’autre, cela profite aux pays d’origine de ces joueurs étrangers qui viennent tout rafler sur le marché de l’emploi au Bénin. Si on prend l’exemple de la Ligue Pro de football qui est animée avec 36 clubs avec 10 étrangers par club. Cela fait 360 potentiels salariés et Dieu seul sait, qu’ils ont les meilleurs salaires ; qu’ils vont rapatrier dans leurs pays respectifs. Ce qui créé un manque à gagner pour l’économie locale. Il est donc impérieux que les nôtres concentrent leurs efforts sur la formation au lieu de vouloir exploiter de la main d’œuvre expatriée dans un système de « cash and carry ». De ce fait, on pourra tirer parti de ce potentiel pour qu’à la longue les jeunes locaux puissent reprendre la main pour un vrai développement du football béninois. Donc, il ne servira à rien à ce que chacun voit midi à sa porte et se passer de l’essentiel. Les différentes Fédérations sportives ont pour mission première le développement de leurs disciplines respectives afin d’en faire une véritable industrie en ce qui concerne la professionnalisation. Il vaut mieux mettre en lumière le potentiel local qui va servir le sport béninois que d’avorter cette célèbre aventure pour des prunes. Car, comme l’enseigne un proverbe Fongbé « Tu ne peux pas renfrogner la mine, parce qu’on t’a dit que tu es beau ». C’est mon intime conviction.
Ambroise ZINSOU