Transversale: La qualification et après ?
Ils se sont fait peur ! Ils sont passés par toutes les émotions lors de ces éliminatoires pour la CAN MAROC 2025. Les Ex-Ecureuils, actuels Guépards du Bénin ont attendu la dernière journée afin de décrocher l’ultime ticket restant de ce Groupe D après le Nigéria. Au bout du suspense, le sélectionneur Franco-allemand, Gernot ROHR et ses poulains ont été héroïques. Et c’est le lieu de leur rendre une fière chandelle. Bravo à eux pour cet exploit. Après deux éditions (Can Cameroun 2022 et Côte D’Ivoire 2024) de disette, le Bénin acte ainsi son retour dans la plus prestigieuse des compétitions de football sur le continent. Une 5ème qualification (après celles de Tunis 2004, Ghana 2008, Angola 2010 et Égypte 2019) qui a fait passer sur le billard le Onze National à Kigali avant l’accouchement par césarienne à Tripoli. Il ne fallait pas mettre à l’encan cette énième opportunité pour enfin attendre sous l’orme, une hypothétique Coupe du Monde promise par Gernot ROHR. ‘’Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras’’. Pour la première fois, sous la bannière « Guépards », le Bénin fera l’expédition du Maroc qu’il avait éliminé en huitièmes de finale en 2019 lors de la CAN ÉGYPTE 2019. Ainsi, passée l’euphorie de cette qualification, il faut redescendre sur terre pour ne pas brûler la chandelle par les deux bouts. C’est un doux euphémisme de dire que le football béninois se fait porter pâle. Cette qualification qui est d’ailleurs bon pour le moral puisqu’elle permet de décrisper l’atmosphère socio-politique tendue, doit être frappée au coin du bon sens. En terminant deuxième de ce Groupe D, le Bénin totalisait 8 points sur 18 possibles, au même titre que le Rwanda. Le reste, c’est sur des détails que les Guépards ont pu composter leur billet pour le Royaume Chérifien. Donc, c’est un résultat insuffisant puisque le Bénin n’a pas franchi le seuil de la moyenne. Cette contre-performance est due à la qualité des joueurs dont dispose l’équipe nationale. Il y a trop de joueurs de niveau « faible » au sein de l’équipe. Malgré ce niveau chétif, certains sont sans clubs et d’autres évoluent dans des championnats « perdus ». Ce ne sont pas des joueurs qu’on voit évoluer les mardis, mercredis et pourquoi pas les jeudi soirs dans des compétitions interclubs en Europe avant de les revoir dans leurs championnats respectifs les week-ends. Cependant, il faut instituer le mécanisme à l’interne pour former sur la durée. Il revient à la Fédération Béninoise de Football (FBF) d’adapter le sport roi à un environnement favorable à l’éclosion des talents. C’est déjà heureux de savoir que les Centres de Missérété et de N’Dali sont désormais fonctionnels en attendant la construction de celui des Filles à Lokossa. Toutefois, cela ne suffit pas dans un pays où, il y a un manque criant de joueurs talentueux. Ce serait également illusoire de croire que ce qui se fait au niveau des « Classes Sportives » et qui n’est rien d’autre que de l’animation pourrait lever la limitation. En plus, l’approche des binationaux comme raccourcis risque de bouffer des briques. Enfin, le Bénin doit pouvoir brûler ses vaisseaux pour ne pas marcher à côté de ses pompes en ce qui concerne la formation. C’est le seul gage qui conditionne des victoires certaines. Comme l’enseigne un proverbe Fongbé : « On ne peut pas vouloir guérir une maladie grave sans une thérapie appropriée de tisanes ». C’est mon intime conviction.
Ambroise ZINSOU