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Urbain Athanase Vigouroux, ancien footballeur béninois: « J’ai du plaisir à être avec mes amis de football »

Malgré les nombreuses années vécues en Europe, Urbain Athanase Vigouroux n’a pas oublié ses amis restés au Bénin. Chaque année, l’ancien footballeur béninois revient au pays et se fait toujours entourer de ses anciens camarades. 2024 n’a pas dérogé à la tradition. Le rituel habituel a plutôt connu une innovation particulière. Rencontré au détour de la randonnée spéciale, Urbain Athanase Vigouroux a bien voulu parler de sa carrière sportive, de son vécu quotidien et surtout de l’importance des amis dans sa vie.

Samedi 17 août 2024. Nous sommes sur un terrain de sport dans l’arrondissement de Pahou, commune de Ouidah. Des anciens footballeurs du Bénin se sont donné rendez-vous pour une partie de football bien particulière. Au centre de la manifestation, se trouve effectivement un ancien du football béninois qui vit en France depuis plus d’une décennie. Urbain Athanase Vigouroux – puisque c’est de lui qu’il s’agit – a regroupé autour lui quelques amis fidèles pour la traditionnelle randonnée annuelle. Cette fois-ci, le mode opératoire a changé. « Comme vous le savez, la plupart de ceux qui se retrouvent avec moi ont un âge avancé. Il n’est plus possible de jouer comme auparavant. Il est important de ménager le corps des personnes âgées. Dans ces conditions, il faut innover. Et pour coller à notre passion du foot, j’ai imaginé juste une compétition basée sur la séance des tirs au but… », a-t-il expliqué. Mais dans la tête de ce dernier, l’esprit de compétition n’a pas complètement disparu. Au contraire ! « Jeunes et compétitifs, on se défiait aussi au cours des matches lors des séances de tirs au but. Pourquoi ne pas continuer à le faire dans le fair-play et la grande sportivité ? Voilà comment j’ai été inspiré, et les personnes concernées ont adhéré à l’idée. Je leurs en sais vraiment gré. Je promets que l’année prochaine, cela sera encore plus élaboré et mieux organisé ».

Comme une bénédiction divine

Il ne saurait d’ailleurs en être autrement. Urbain Athanase Vigouroux a toujours été une personne très attachante qui voit la présence de ses amis comme une bénédiction divine. Pour lui, il n’est pas possible de rentrer au pays et de rester loin de ses amis ou se cacher pour repartir quelques jours après. « J’ai du plaisir à être avec mes anciens coéquipiers, les amis d’enfance, ceux qui ont joué avant ou après moi. Avec cette catégorie de personnes, je me sens très à l’aise dans ma famille sportive », dit-il avec fierté.

Vrai sapeur et connaisseur des bonnes choses, Urbain Athanase Vigouroux n’a pas oublié les bonnes habitudes. Restaurateur et homme d’affaires, il commercialise des boissons haut de gamme telles que le Champagne, le Vin mousseux et le Vin Bordeaux et différentes sortes de liqueurs. A l’entendre, ces activités sont une suite logique de son vécu au Bénin. Puisqu’il confesse avoir travaillé parallèlement dans le milieu de la restauration pendant qu’il jouait au football. Notamment à la pâtisserie de la Haie-Vive, à l’hôtel Palm Beach, à la BODEGA où il assurait la fonction d’économe.

L’appel de la famille

Curieusement Urbain Athanase Vigouroux n’a laissé aucune trace de footballeur en Hexagone. « En réalité, je n’étais pas parti en France pour jouer au football. Je ne pouvais même pas en avoir la prétention, puisque j’avais à l’époque un âge relativement avancé… Mes enfants y étaient et j’ai décidé de les rejoindre. Car, j’avais aussi la nationalité française », explique-il.

Et pourtant, il a fait une carrière sportive respectable au Bénin. Les équipes comme les Requins de  l’Atlantique, l’ASPAC du Port Autonome de Cotonou, le Mogas 90 etc. ont bénéficié de ses loyaux services. Il en garde d’ailleurs quelques souvenirs. « A l’époque, j’évoluais au sein de l’ASPAC de Cotonou. On jouait face à l’équipe de la société de transit dénommée Afrique Groupage, un gros calibre. C’était au stade René Pléven d’Akpakpa. Le match était tendu. Je ne jouais pas d’entrée. Aussitôt sorti du banc, je marque l’unique but de la partie. Ma joie fut intense. A ce jour, j’ai pas oublié. Même les adversaires du jour ne cessent d’en parler lorsqu’on se retrouve et à chaque fois que l’occasion se présente ». Cependant, il n’a pas non plus oublié la galère ambiante caractérisée, entre autres, par la modicité des émoluments de l’époque. Selon ses explications, les joueurs sous contrat étaient payés à 7.000 FCFA le mois. En cas de victoire, la prime était de 3.000F.CFA, le match nul était monnayé à 1000.F.CFA, tandis que la défaite ne donnait droit qu’à 500F.CFA. Ce qui a laissé un arrière-goût amer, malgré la fierté que confère le simple port du maillot.

Un regard sur football national

Malgré l’amertume du passé, il garde la bonne humeur. « Et c’est le moment de rendre hommage à feu Fernando Johnson, Expédit Dossou-Gbété, Ildevert Juvencio pour qui j’ai de l’admiration à l’époque. Dans le rang des plus anciens, je peux parler de Gratien Lalou, feus Richard Amoussou dit Atan Pinceau, Vincent Fagla dit Djanta Magic, Ferdinand Boyer et bien d’autres ».

En dépit de son installation en France, Urba in Athanase Vigouroux suis attentivement l’actualité du football béninois. Pour lui, ce qui se fait aujourd’hui est appréciable. Même s’il y à redire. « Le gouvernement béninois met beaucoup de moyens. Il faut une meilleure structuration. Actuellement, il y a de l’argent, mais plus de grands footballeurs. C’est le vrai paradoxe. A force de pousser, les choses vont s’améliorer et aller dans le bon sens », laisse-t-il espéré.

Avec Monsieur Urbain Athanase Vigouroux, comme il l’exige souvent, rendez-vous est pris pour l’année prochaine avec la promesse de retrouvailles encore plus conviviales.

Réalisé par Pascal HOUNKPATIN