Fertilité et fertilisation des sols, nutrition des plantes: Ganigui Kifayath Lafia accède au grade de Docteur en Santé des Sols
(Elle reçoit la Mention Très honorable avec Félicitations du Jury)
Devant un jury international composé des Professeurs Adam Ahanchédé du Bénin (Président), Gustave Dadgbénonbakin du Bénin (Equipe d’encadrement), Saidou Kiari Addam du Niger (Rapporteur), Mianikpo Jean Sogbédji du Togo (Rapporteur), Appolinaire Adandonon du Bénin (Rapporteur) et Damè Pocoun Kombiénou du Bénin (Examinateur) ; l’impétrante Ganigui Kifayath Lafia a défendu avec brio le mardi 30 septembre 2025 dans le Bâtiment Sokpon, Laboratoire d’Ecologie Appliquée de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), les fruits de ses recherches sur la « Gestion de la fertilisation organique et minérale pour une production durable de la grande morelle (Solanum macrocarpon L.), et de l’oignon (Allium cepa L.), au Bénin ». Sous la direction du Professeur titulaire (CAMES) en Fertilité et Fertilisation des sols, nutrition des plantes à l’Université d’Abomey-Calavi du Bénin, Aliou Saidou, l’œuvre hautement scientifique a séduit le jury qui a décerné la Mention Très honorable avec Félicitations du Jury à l’impétrante.
Ganigui Kifayath Lafia accède désormais au grade de Docteur en Santé des Sols. Elle a planché le mardi 30 septembre 2025 dans le Bâtiment Sokpon, Laboratoire d’Ecologie Appliquée de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), sur la «Gestion de la fertilisation organique et minérale pour une production durable de la grande morelle (Solanum macrocarpon L.), et de l’oignon (Allium cepa L.), au Bénin» devant un jury international du Bénin, du Niger et du Togo. Très prisés dans de nombreuses cuisines africaines, la grande morelle (communément appelée Gboma) et l’oignon jouent un rôle clé dans la lutte contre l’insécurité alimentaire. Au Bénin, ces deux légumes occupent une place importante dans l’alimentation. Toutefois, les systèmes de culture, souvent réalisés sur des sols inadaptés à la production agricole car naturellement pauvres en éléments nutritifs, ne permettent pas d’obtenir une productivité proche du rendement potentiel des variétés utilisées. Pour relever les niveaux de fertilité de ces sols marginaux exploités, les producteurs sont contraints de surfertiliser les parcelles, ce qui n’est pas sans impact aussi bien sur la santé des consommateurs que sur l’environnement et constitue également des pertes économiques importantes pour les producteurs. Par ailleurs, dans un contexte actuel de changement climatique, les prévisions sont une augmentation de la température des sols avec comme corollaire, une accélération de la minéralisation du peu de matière organique présents dans ces sols. La sécurité alimentaire des populations est donc menacée. D’où la nécessité de proposer des stratégies de gestion intégrée de la fertilité des sols avec des amendements locaux de qualité, disponibles et accessibles aux producteurs.
Recherches et résultats qui forcent l’admiration
Face à cette impérieuse nécessité, il est important de proposer des stratégies de gestion de la fertilité des sols avec des amendements locaux de qualité, disponibles aux producteurs. Ainsi, les travaux de recherche de Ganigui Kifayath Lafia avaient donc pour objectif de développer des stratégies intégrées de fertilisation organo minérale, adaptées aux principales zones maraîchères afin d’améliorer durablement la production de la grande morelle (Solanum macrocarpon L.) et de l’oignon (Allium cepa L.) au Bénin. Ils ont permis de caractériser le profil socio-économique des producteurs de ces deux spéculations, de faire leur typologie en fonction des pratiques de gestion de la fertilité des sols, d’analyser les contraintes liées à l’utilisation des engrais organiques ainsi que les raisons qui justifient leur choix, et enfin, d’identifier les principaux facteurs qui déterminent l’utilisation de ces engrais organiques dans les périmètres maraîchers de Sèmè-Kpodji, de Grand-Popo et de Malanville. De même, des essais d’efficacité agronomique en milieu réel sous contrôle chercheur ont été conduits sur deux campagnes agricoles (2021-2022 et 2022-2023) dans la zone côtière sur les sols minéraux et peu évolués d’apports de Sèmè-Kpodji et de Grand-Popo et dans la zone de Malanville sur les sols ferrugineux tropicaux pour ces deux cultures. Les technologies testées (fientes de volaille brutes, déjections bovines, fientes de volaille pré-décomposées par les larves de mouche et compost ordinaire en simple application ou combinés ou non aux doses et moitié doses recommandées d’engrais minéraux pour chaque spéculation) ont permis d’améliorer significativement la croissance et le rendement de la grande morelle et de l’oignon, d’obtenir des bulbes d’oignon à fort taux de matière sèche, ce qui permet une meilleure conservation et surtout d’améliorer la teneur en matière organique des sols pour une durabilité de la production des sols exploités. Toutefois, des études de rentabilité et d’acceptabilité s’avèrent nécessaires avant la vulgarisation des technologies éprouvées auprès des maraîchers. Une œuvre scientifique de haute portée qui a simplement sublimé le jury.
Qui est Ganigui Kifayath Lafia ?
Née le 22 août 1992 à Cotonou, Ganigui Kifayath Lafia est Ingéneure Agronome spécialisée en Management des Ressources en Sols et en Eaux. Diplômée de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat (Maroc) en 2014, elle incarne une génération de scientifiques engagés dans la recherche appliquée au service du développement durable. Mariée et mère de deux enfants, elle a fait ses premiers pas dans le domaine de la recherche et développement au sein de l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB), où elle a contribué à plusieurs initiatives en tant que jeune volontaire. Animée par une passion profonde pour les questions de fertilité des sols et d’agroécologie, elle s’est engagée en 2020 dans un doctorat afin de contribuer aux avancées scientifiques dans ces domaines stratégiques. En juillet 2022, elle a choisi de renforcer ce lien avec les producteurs en rejoignant l’Agence Territoriale de Développement Agricole du Pôle 2 du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche du Bénin, en qualité de Cheffe de la Cellule Communale de Gogounou. Pendant trois années, elle a assuré un accompagnement technique de proximité en Conseil agricole, avant d’être affectée à la Commune d’Avrankou, où elle poursuit actuellement ses fonctions avec le même engagement. A l’occasion de sa soutenance ; Ganigui Kifayath Lafia présente les résultats d’un travail rigoureux, nourri par une expérience de terrain riche et une vision intégrée du développement agricole durable.
Par Brice KOCOU