Recrutement d’entraîneurs de football à la tête des sélections des catégories d’âge: Le piège que le ministre Benoît Dato doit éviter
*Le vrai handicap du football béninois, c’est la formation
*L’échec des Directeurs Sportifs doit servir de leçons
*L’appel à candidatures : une porte entrebâillée
C’est un doux euphémisme de dire que le football béninois se fait porter pâle. Et les gouvernements qui se sont succédé à la tête du ministère des Sports se sont attelés chacun à son niveau pour sortir cette discipline locomotive des sentiers battus. Pour trouver des réponses adéquates aux problèmes qui plombent l’essor du football béninois, surtout au niveau des sélections des catégories d’âge, le ministre des sports, Benoît Dato semble harponner le bon bout. Après un diagnostic (forces et faiblesses) au niveau de ces sélections des catégories d’âge, il est de notoriété publique que les différents sélectionneurs qui avaient en charge ces équipes nationales de jeunes, n’ont pas la qualification requise pour optimiser leurs chances de performances. Alors, pour pallier ces carences dont ils font souvent montre, il a été décidé qu’un assainissement se fasse afin de donner la chance à ceux qui sont titulaires des diplômes de faire leurs armes à la tête desdites sélections. Une ingénieuse option qui pourra faciliter l’apprentissage des encadreurs et des apprenants.
La formation, le vrai handicap du football béninois
Malheureusement, l’écosystème béninois ne permet guère une telle cohabitation. En effet, le vrai handicap du football béninois, c’est la formation. La formation des formateurs (Encadreurs) et la formation des apprenants (Jeunes). Donc, c’est un déficit qui n’a pas été comblé depuis des lustres et qui cause aujourd’hui d’énormes désagréments à la pratique de la discipline. Le Bénin ne dispose pas de coaches détenteurs de la Licence B et Licence A de la Caf. Le dernier examen de Licence C organisé remonté à 2014 sous l’égide du président Augustin Ahouanvoébla. Et depuis ce temps, c’est maintenant que cet examen de Licence C vient d’être organisé. Or, ceux qui avaient en charge ces sélections de catégories d’âge disposent déjà l’expérience pour passer les étapes et se retrouver peut-être avec la Licence B ou A si ces examens étaient régulièrement organisés. Aujourd’hui, tout le monde se voit confronter à ce nœud gordien qu’il va falloir trancher. Ainsi, l’appel à candidatures lancé par la Fédération Béninoise de Football (Fbf) est évocateur. On va recruter des sélectionneurs adjoints et non des sélectionneurs titulaires. Et compte tenu de l’état des lieux, ces sélectionneurs titulaires risquent de ne pas être des nationaux ou des binationaux alors que la logique que ce soit les locaux qui prennent en charge ces sélections même si ce n’est écrit nulle part. Donc, à l’allure où vont les choses, des expatriés (carrément non béninois) pourraient se retrouver à la tête de ces différentes équipes nationales.
S’inspirer de l’échec des Directeurs Sportifs
Dans sa volonté de bien faire et de montrer la voie à suivre en ce qui concerne la professionnalisation du football béninois, le gouvernement de la Rupture avait fait l’option de recruter des Directeurs Sportifs ‘’étrangers’’ à la tête des Sociétés sportives d’État. Ces techniciens dont les contrats de trois (03) ans arriveront à terme en juin 2024 n’ont pu combler les attentes. En un mot, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Le livre a été un vrai flop et le jeu n’en plus la chandelle. Ils sont connus fortunes diverses. Certains sont venus les bras en guillemets pensant réinventer le football au Bénin. D’autres, un bras devant, un bras derrière n’ont que pour objectif d’aller s’asseoir sur les bancs des clubs en tant qu’entraîneurs. Il y en a qui n’ont pas attendu la fin de leur contrat avant de dégager le plancher parce qu’ils ont trouvé mieux ailleurs. L’un mis dans l’autre, l’expérience à quelques mois de la fin de leurs contrats respectifs n’a pas été concluante. En lieu et place de satisfaction, les acteurs nourrissent assez de regrets. Et cette approche devra servir de leçons pour qu’on retombe dans les mêmes travers. Il revient ainsi au ministre des Sports, Benoît Dato, de garder la tête sur les épaules et de trouver le juste milieu, le savant dosage afin d’éviter des casses. La vigilance doit être de mise lorsqu’on voit déjà la difficile cohabitation entre les Directeurs sportifs et les coaches locaux.
L’appel à candidatures : les dés sont pipés
Dans une synergie d’actions, la FBF a élaboré l’appel à candidatures pour le compte du recrutement de ces sélectionneurs des catégories d’âge. Qu’à cela ne tienne. Mais là où le bât blesse, elle devrait faire une prospection interne (voir les compétences au plan local) avant de définir les profils des candidats (procéder aux chasseurs de tête, compétences extérieures). Puisque, c’est du ressort de la FBF de disposer du répertoire des coaches locaux répondant aux critères de recrutement. La bondée, c’est quand, c’est la FBF qui va procéder aux différents entretiens avant de proposer les probables candidats éligibles par préséance à nomination par le ministre des sports. Le risque qu’il y ait du favoritisme semble plausible. Ce qui pourrait annihiler les efforts qui voudrait des équipes de catégories compétitives. Toutefois, le bon sens voudrait que ces différents sélectionneurs soient des locaux pour une bonne image et un bon rayonnement du football béninois.
Ambroise ZINSOU