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Gestion approximative de certaines Fédérations sportives: Le ministre Dato doit se méfier du football béninois

*Une discipline budgétivore sans résultats

*Trop d’échecs des équipes nationales et clubs

*Bannir le championnat à 36 clubs

*Nécessité de concentrer les énergies sur la formation

Le football béninois est désormais à la croisée des chemins. Dénommé « sport roi » parce qu’il devrait être la discipline locomotive en tirant les autres disciplines vers le haut, le football béninois ne cesse de passer sous les fourches caudines. Trop d’échecs au niveau des équipes nationales et des clubs, un championnat inédit de 36 clubs qu’il faut bannir. Nécessité donc, de concentrer les énergies sur la formation.

C’est un doux euphémisme de clamer que le football béninois se fait porter pâle. Surnommé « sport roi », il devrait servir de discipline locomotive en tirant les autres vers le haut. Mais force est de constater à regret que, malgré la volonté politique et les efforts consentis par le gouvernement de la Rupture, il n’y a rien à se mettre sous la dent. Un tableau peu reluisant qui fait appel à une refonte totale. Ainsi, le ministre des Sports, Benoît Dato doit se méfier de ces acteurs, tels de joyeux drilles  qui ne font que chanter les louanges des ministres dès leur nomination et se retournent contre eux après. Cette pratique qui date de Mathusalem est ancrée dans les habitudes. C’est vrai que le football doit faire l’objet d’une gestion concertée (Ministère-Fédération). Ce qui avait même donné lieu par le passé à des Commissions Paritaires ou Tripartites. Mais depuis quelques années, ce mécanisme de gestion concertée a déserté le forum. De facto, une ambiance délétère est née. Les membres du Comité exécutif de la Fédération Béninoise de Football rongent leur frein sans toutefois le faire savoir aux grands jours. Maintenant que le département ministériel a changé de mains, les acteurs du football entendent revenir à la gestion d’antan au lieu de mieux organiser la discipline en leur sein. Le ministre des Sports, Benoît Dato ne doit pas se laisser emballer par ces dirigeants qui n’ont pas de grandes ambitions pour le football béninois.

Une discipline budgétivore sans résultats

S’il y a une discipline qui a fait saigner les caisses de l’État ces dernières années, c’est bien sûr le football. A l’avènement du gouvernement du Nouveau Départ, il était souhaité une volonté intégrale et totale politique pour accompagner les efforts des acteurs. Ainsi, le nationalisme s’est enraciné chez le Chef de l’État, le président Patrice Talon qui a sorti l’artillerie lourde. In fine, les subventions aux clubs et le traitement des joueurs ont connu une nette amélioration. Dabs cette offre excédentaire, 22 stades omnisports sont sortis de terre comme des champignons. En somme, c’est toute une batterie de réformes qui a été mise en branle pour sortir cette discipline du fond. Au-delà des lourds investissements consentis par le gouvernement, d’autres  mécanismes ont été aussi mis en place pour développer le football béninois. Aussi, l’approche des Directeurs Sportifs des Sociétés d’État payés à coût de millions n’a-t-il pas aidé ce football à sortir des sentiers battus. Ces techniciens pour la plupart devraient apporter leurs expertises à ces clubs à mieux se structurer.  Cependant, des résultats probants peinent à corroborer le tout.

Trop d’échecs des équipes nationales et clubs

Malgré la sortie du chéquier  par le gouvernement pour terminer le changement, le football béninois qui avait touché le fond peine à pointer son nez. Depuis la qualification pour les quarts de finale de la Can 2019 en Égypte qu’on brandit comme un trophée de guerre, l’équipe fanion ne s’est plus qualifiée jamais pour une phase finale. Il en est de même pour ESAE Fc qui a franchi le cap de la phase des poules en Coupe de la Caf en 2019. Et depuis, plus rien. Outre les U20 qui ont pu se qualifier pour la Can Junior en Egypte 2023, aucune équipe nationale du Bénin n’a plus décroché un billet qualificatif pour n’importe quelle compétition continentale ou mondiale. Une situation qui prouve à suffisance l’amateurisme qui entoure l’organisation des équipes. En effet, l’équipe nationale A est passée à deux fois de suite à côté d’une qualification pour les Coupes d’Afrique des Nations (Cameroun 2022 et Côte d’Ivoire 2024). Des échecs cuisants qui ont révélé à la face du monde le manque de rigueur et d’abnégation des joueurs et aussi des dirigeants. Par ailleurs et dans le pire des cas, le football féminin qui reste jusqu’à présent le seul point positif qui marque le passe du président Mathurin de Chacus à la tête de la Fbf n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Il est pris en otage par certains acteurs qui empêchent ceux qui sont vraiment investis pour la mission d’opérer en toute quiétude. C’est une autre paire manche en ce qui concerne le football féminin. A cela, il faut ajouter les piètres prestations des clubs béninois dans les compétitions interclubs de la Caf. Depuis 2019, aucun club béninois n’est parvenu à se qualifier pour le tour suivant avant de passer l’étape des phases de poules.

Bannir le championnat à 36 clubs

Ces contre-performances des équipes nationales et des clubs sont d’abord dues à ce fameux championnat qui se joue avec 36 clubs. Certes, le Bénin n’a pas inventé le football. Toutefois, il a inventé ce format inédit du championnat national de football qui écrase toutes concurrences et fait le lit à la médiocrité. Sinon, comment comprendre que le championnat n’est pas pondéré (D1, D2, D3, ainsi de suite). Un club champion de D3 est directement qualifié pour l’élite qui est composée de 36 clubs répartis en 4 zones. Ce format à l’issue duquel le champion et le vice-champion sont directement qualifiés pour la Ligue africaine des champions et la Coupe de la Caf donne le pouls du niveau exécrable des joueurs et des clubs. Conséquences, le Bénin ne dispose pas de clubs compétitifs pour rivaliser avec ceux de la sous-région et du continent. Après trois saisons, il est alors impérieux que les dirigeants évaluent ce format afin de trouver des solutions. L’autre facteur qui tire ce football vers le bas est le quota lié au nombre d’étrangers qui doivent évoluer dans ledit championnat. De cinq au départ, ils sont désormais passés à 10 étrangers par club. Ce qui fait un total de 360 joueurs étrangers dans ce championnat sans compter les étrangers enregistrés dans le système du RAVIP. En un mot, c’est un championnat qui ne fait pas la promotion des joueurs locaux et qui disperse aussi les quelques meilleurs joueurs dans plusieurs clubs. Alors que la Caf et la Fifa ont souhaité que les pays au Sud du Sahara qui n’ont pas de gros moyens se contentent de 14 ou 16 clubs en première division pour rendre les championnats plus compétitifs. Ce format doit être banni pour encourager la concurrence au niveau des clubs. Ce qui va permettre aux clubs qui vont rester dans l’élite de bénéficier des subventions consistantes.

Quid des formations ?

Une discipline sans formation est vouée à l’échec. Le football béninois végète dans un amateurisme béat. La formation des apprenants et celle des formateurs  reste une blessure qui laisse des séquelles. C’est un secret de polichinelle que les encadreurs béninois ne sont pas formés. A la date d’aujourd’hui, aucun entraîneur béninois ne dispose d’une Licence Caf A. La Fbf qui devrait organiser les diplômes joue la course contre la montre depuis des lustres. Le Directeur technique national qui devrait être la cheville ouvrière de ces modules de formation afin de permettre aux entraîneurs de passer leurs diplômes peine toujours à prendre ses marques. Il veut se faire d’abord se former  avant de former ses pairs. Ce qui prend énormément du temps. Le comble, le Centre d’Excellence de N’Dali mis en fonction depuis cette rentrée académique (2023-2024) attend toujours la nomination des entraîneurs. Le Centre de Missérété attend aussi ses pensionnaires et ses entraîneurs. Ce qui ne facilite pas la pratique de la discipline par les apprenants dans des conditions optimales. Dans un cas comme dans l’autre, il serait impérieux que le gouvernement prenne sur lui la responsabilité de construire des centres de formations comme il en avait prévu pour les Filles afin de ne pas laisser tomber à l’eau tout son investissement. Faire confiance à ces dirigeants du football serait donc  suicidaire. Il vaut mieux investir dans la formation que d’octroyer des subventions mirobolantes à des clubs qui n’arrivent même pas à satisfaire les exigences basiques de la Caf. La formation reste et demeure le seul moyen pour sortir ce football de l’ornière.

Ambroise ZINSOU