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Baptême de feu et briefing avec le Chef de l’État: Le ministre Dato déjà sur la braise ?

*Première patate chaude : la crise au Maracaña

*Le championnat à 36 clubs, l’épine à enlever

*Quid des disciplines budgétivores ?

Au pas de charge, le nouveau ministre des Sports, Benoît Marcel Dato est lancé dans le bain pour renchérir le partenariat avec le mouvement sportif béninois. Même si de loin, ce département ministériel est perçu comme une entité de divertissement, il est très sensible et représente un volet important dans le PAG du gouvernement de la Rupture. Nommé à la tête du ministère des Sports en remplacement d’Oswald Homeky, le jeune ministre Dato doit pouvoir prendre le train en marche et apporter sa marque. Ainsi, il devra harponner le bon bout pour construire ce vaste chantier.

Le chantier est vaste, le chemin encore long et parsemé d’embuches. On dirait que tout est à refaire pour effectivement révéler le sport béninois. Après son baptême de feu en Conseil des ministres mercredi dernier et suite à un briefing avec le Chef de l’Etat, le tout nouveau ministre des Sports, Benoît Marcel Dato est désormais lancé dans le bain pour relancer le partenariat avec le mouvement sportif béninois. Le remplaçant d’Oswald Homeky ne doit plus perdre le temps vu, l’immensité de la tâche qui se dresse sur son chemin.  On dirait un travail de Pénélope  dans ce milieu souvent perçu de loin comme un département juste, pour le divertissement. La réponse que les bons résultats en  sport apportent à un peuple pour décrisper la tension politique et sociale est énorme. Dans cette observation perspicace, le nouveau ministre doit retrousser les manches et se mettre résolument au travail pour parachever la métamorphose. Depuis 2016, le Bénin a amorcé une nouvelle ère pour se révéler aussi à travers son sport. D’ailleurs, le volet sport est inscrit dans le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) et constitue un pilier de développement. Mais à environ deux ans de la fin du règne du Gouvernement de la Rupture, ce secteur continue de balbutier malgré la volonté politique intégrale et totale. Et le nouveau patron des Sports au Bénin doit saisir le bon bout afin d’apporter sa touche à l’édification de cette édifice.

La crise au Maracaña, première patate chaude

Déjà dans le bain, le ministre Benoît Dato doit conduire à terme le processus devant aboutir à la mise en place d’un nouveau bureau exécutif à la Fédération Béninoise de Maracaña (FeBeMa). En crise depuis quelques années, la Fédération Internationale de Maracaña et Association (FIMAA) a mis en place un Comité de Normalisation (CoNor) qui devrait, en principe  terminer sa mission. Et comme les discussions entre les acteurs ont achoppé, une mission de la FIMAA conduite par son président l’Ivoirien Bleu Charlemagne a été dépêchée au Bénin pour constater. Au terme de cette mission, un moratoire a été donné au CoNor pour organiser les élections. En plus, lors de la 10ème édition de la Mara’Can qui s’est tenue du 26 au 30 septembre 2023, le président Bleu Charlemagne a encore rappelé le deadline qui court jusqu’à fin novembre pour mettre fin à cette crise qui secoue la famille du Maracaña béninois. Il revient donc au ministre des Sports de prendre à bras le corps ce dossier pour un aboutissement heureux. L’État est une continuité. Ainsi, il ne doit plus jouer sur le temps pour sortir cette discipline du fond. Pour y arriver, il doit faire preuve d’originalité et imprimer sa touche particulière.

Championnat à 36 clubs, une équation à grande inconnue

L’autre chantier sur lequel est vivement attendu, c’est celui lié au format du championnat national de football qui se joue avec 36 clubs. Ce format inédit qui écrase toute concurrence et qui fait le lit à la médiocrité a montré toutes ses limites après trois ans d’expérience.

D’abord, cette formule qui consiste à répartir les clubs par Zones (A, B, C et D) ne permet pas de pondérer le championnat et d’élever le niveau technique et physique des joueurs. Compte tenu du nombre pléthorique de clubs avec des niveaux qui laissent à désirer, la performance n’y est plus. A cela il faut ajouter le fait que les joueurs sont surutilisés en jouant deux matches par semaine.

Ensuite, le comble, un club qui joue la troisième division et qui termine champion accède directement dans l’élite. D’où le niveau approximatif des joueurs. Ce qui déteint forcément sur l’ensemble du niveau des équipes.

Enfin, les prestations minables des clubs béninois enregistrées  lors des compétitions interclubs de la Caf sont dues à ce format de 36 clubs. Il en a de même au niveau des autres équipes (U17, U20, U23, A’, etc.) qui utilisent en grande partie des joueurs locaux issus de ce championnat.

En somme, le Bénin ne peut aller nulle part avec ce format. Il serait judicieux de revenir à l’ancien format avec un championnat de D1 (16 clubs au plus), D2 (18 clubs au plus), D3 (18 clubs) et ainsi de suite. Ceci permettra les descentes et les montées. In fine, les plus méritants vont se retrouver au sommet de la pyramide. Cela va aussi enchanter la concurrence.

Donc, le ministre Benoît Dato  doit aider la Fédération Béninoise de Football (Fbf) à enlever cette épine du pied afin de booster la concurrence au niveau des clubs. Ce qui va permettre à l’ensemble du football béninois de progresser et d’atteindre le niveau continental.

Quid des disciplines budgétivores ?

Depuis 2016, une volonté politique a été affichée pour accompagner le sport béninois à se développer.  Mais dans cette détermination du gouvernement de la Rupture, certains esprits malins semblent se soustraire de la vision. C’est un doux euphémisme de dire aujourd’hui que le football béninois est malade. Toutefois, il reste la discipline qui fait saigner les caisses de l’État. L’équipe fanion est plus « chouchoutée » que toutes les autres équipes nationales de football alors que les résultats n’y sont pas.

En plus du football, il y a certaines Fédérations sportives qui n’attendent que les subventions de l’État pour organiser leurs activités, ne serait-ce statutaires.  Ce qui amène certains dirigeants à dilapider les sous du contribuable mis à leurs dispositions.

Ces disciplines budgétivores doivent désormais céder place aux disciplines prometteuses qui permettent au pays de grappiller des breloques lors des compétitions continentales et internationales. Le Bénin ne peut pas être performant dans toutes les disciplines sportives. Il revient au nouveau ministre de faire un inventaire des résultats de certaines disciplines depuis l’avènement du Gouvernement du Nouveau Départ. Cela va permettre de mesurer les performances et de savoir les disciplines sur lesquelles il faut miser pour l’avenir. Ainsi, ces disciplines pourront bénéficier plus de subventions pour leurs épanouissements. C’est à seul prix qu’à la fin il pourra marquer son passage à la tête de ce département de jeunesse et des sports.

 

Ambroise ZINSOU