ActualitéNationSportUne

Can Côte d’Ivoire/ Élimination des Guépards: La grosse désillusion, une refonte s’impose

Alors qu’ils avaient encore une chance de se qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations (Can Côte d’Ivoire 2023), les Guépards du Bénin se sont fait harakiri le samedi 9 septembre 2023 à Maputo face aux Mambas du Mozambique en s’inclinant par le score de 2 buts contre 3. Une victoire dans cette rencontre comptant pour la dernière journée de ces éliminatoires suffisait à Gernot Rohr et ses poulains de composter leur ticket pour Abidjan. Malheureusement, c’est la grosse déception. La désillusion a été à son comble dans cette rencontre à plusieurs rebondissements. Absent à la Can 2022 au Cameroun, le Bénin ne sera pas en Côte d’Ivoire dans ce format de la Can à 24 Nations. Les quarts de finalistes de l’édition de 2019 qui avaient éliminé le Maroc en huitièmes de finale sont dans la tourmente.

Ressuscités après avoir arraché les 3 points du match retour chez le Rwanda à Kigali sur tapis vert, les Guépards qui étaient déjà au bord du gouffre, ont reçu une bouée de sauvetage.  C’est ainsi qu’ils vont commencer par croire en une nouvelle qualification. Le suspense est maintenu jusqu’à la dernière journée avant que le rêve ne tourne en dérision.

Un match plein de rebondissements

 

Pieds au plancher, les Guépards avaient bien débuté leur rencontre à Maputo. Steeve Mounié, capitaine d’un après-midi en l’absence de Khaled suspendu (pour cumul de 2 cartons jaunes. Ndlr) et ses coéquipiers vont annoncer la couleur par l’intermédiaire de Jodel Dossou qui a trouvé le poteau. Les poulains du sélectionneur Gernot Rohr vont alors reprendre confiance dans cette rencontre indécise. Ils vont bénéficier d’un penalty à la 20ème minute grâce à une main de Momane. Steeve Mouvié se fait justice en inscrivant le premier but de la rencontre. Le Bénin part ainsi sur une bonne lancée pour arracher sa qualification. Mais, c’était sans compter avec la pression mozambicaine qui finira par payer 7 minutes plus tard. Witi va profiter d’une erreur de la défense béninoise pour rétablir la parité. Mais les joueurs de Gernot Rohr vont encaisser le deuxième but à la 32ème minute de jeu par l’intermédiaire de Guimaraes. Mais Jodel Dossou va relancer les Guépards par son but de la 40è minute. C’est sur ce score que les deux équipes vont regagner les vestiaires. DE retour de la pause, les Mambas du Mozambique vont mettre le pied sur le ballon et faire courir les Guépards qui ne prennent plus d’initiatives. Pendant qu’ils ont besoin coûte que coûte d’une victoire, Stéphane Sessegnon et ses partenaires vont confondre vitesse et précipitations. Des dégagements à l’emporte-pièce, des ballons perdus en plein milieu de terrain et devant la défense et la nonchalance dans le marquage sont le cocktail désolant au public. Toutes les velléités offensives ne vont rien donner jusqu’à la dernière minute  du jeu. Suite à une rentrée de touche dans le temps additionnel, les Béninois vont encaisser un troisième but. Un but qui fait voler les espoirs des Guépards. Le Bénin prend ainsi la troisième place dans ce Groupe L avec 5 points. Les Guépards doivent attendre les prochaines éliminatoires ou une éventuelle organisation pour se retrouver à une phase finale de la Can.

Nécessité de refondre le football béninois

Avec cette énième élimination, le Bénin touche une nouvelle fois le fond avec son football. Le bilan pour cette campagne, est effroyable et renvoie à une autre époque. Sur 6 matches, le Bénin n’a gagné le moindre sur le terrain. Les 3 points acquis sur tapis vert a été le déclencheur d’une émotion de qualification. A l’arrivée, la montagne a accouché d’une souris. Sinon, comment peut-on comprendre qu’un pays qui avait éliminé le Maroc en huitièmes de finale de la Can en 2019 et qui a été éliminé par le Sénégal alors, finaliste et maintenant  champion d’Afrique ne puisse se qualifier deux fois de suite pour une Can à équipes. Le mal est plus profond et interpelle. Sur le plan technique, l’équipe n’est pas à la hauteur et dispose pas des joueurs capables de prendre le jeu à leur compte. Aussi, les jeunes qui ont commencé par faire leurs armes au sein de l’équipe doivent encore apprendre. L’autre aspect, le nivellement par le bas reste une méthode de fonctionnement qu’on doit bannir de la gestion du football au Bénin. Aujourd’hui, les coaches béninois ne sont pas formés. La Fédération Béninoise de Football doit organiser les examens afin de permettre aux coaches de faire leurs diplômes (surtout Caf B et A).  Enfin, il faut mettre la formation en avant-garde pour récolter les bons fruits sur la durée. Les résultats calamiteux enregistrés au niveau des clubs (matches aller et retour) sont aussi symptomatiques de l’état déliquescent du football béninois. C’est tout un ensemble même si sous certains cieux, les meilleurs des championnats locaux ne sont pris en compte.

Pour ce qui concerne le plan organisationnel, les gestionnaires actuels ont montré leurs limites. De nos jours, les gens manifestent une grosse désaffection à l’équipe fanion du Bénin. Ce qui fait que les dirigeants sont obligés de jouer des matches avec des entrées gratuites. Une démarche qui ne va prospérer lorsque les acteurs eux-mêmes changent de fusil d’épaule. Le monde du football a besoin de se réconcilier avec lui-même. Au-delà des résultats sur le terrain, les équipes béninoises, surtout de football, ont besoin d’une union sacrée pour se transcender. C’est à ce seul prix que le football pourra prendre un  nouvel envol.

Brice KOCOU