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Transversale: Dirigeants insolvables, joueurs grévistes !

C’était la bondée. Incrédule, le public sportif béninois a fini par prendre plein les yeux. L’information qui a commencé par faire le tour des réseaux sociaux au petit matin du vendredi 30 juin 2023, a  été confirmée par un communiqué de l’UNFPB. Huit  joueurs  ont été gardés à vue au commissariat du 5è arrondissement de Cotonou, parce qu’ils faisaient pieds de grue pour revendiquer leurs arriérés de salaires. Un nœud gordien que la police n’a pas hésité à trancher. Un acte récurrent  qui fait casser la nénette et fait sortir les acteurs  de leurs gonds. D’abord, ce litige survient lorsque des joueurs qui ne sont certainement nés dans la pourpre ne peuvent pas se brosser de leurs salaires. Toutefois, il existe des voies légales de recours pour se faire entendre, puisqu’un joueur n’est pas un « délinquant »  de la rue. Donc, la méthode n’est pas la bonne. Mais dans cet aveu contraint, les dirigeants de clubs ne doivent pas aussi se moucher des pieds car, le ventre affamé n’a point  d’oreilles. Un dirigeant de club, ce n’est pas seulement les beaux habits, les belles maisons, les belles voitures, les tournées des grands-ducs, etc. Le dirigeant, c’est celui-là, capable de bien payer et à temps  ses joueurs surtout, lorsqu’il s’agit de respecter les clauses au contrat.  Néanmoins, il faut disposer de gros moyens  afin de ne pas faire manger de la vache enragée aux enfants d’autrui. Dans le cas contraire, il vaut mieux ouvrir le capital du club à des partenaires ou fermer carrément  la baraque. On ne doit pas attendre les subventions de l’État pour créer des clubs.  Cela doit être clair dans la tête de tous. N’est pas dirigeant de club qui veut, mais qui peut. Le football business n’est pas l’apanage de l’Etat.  C’est un secteur privé qui ne doit pas absorber les ressources publiques pour des prunes. Pendant que des femmes sont bloquées dans les maternités avec leurs nouveaux-nés à cause des factures non payées ; pendant que des dialysés appellent l’Etat  au secours pour bénéficier des soins adéquats ; pendant qu’une partie de la population vive sous la psychose du terrorisme, l’Etat ne peut se permettre de sortir le chéquier pour des dirigeants  insolvables. Le sport, encore moins le football, n’est pas une priorité pour un Etat lorsque les questions liées à la santé, à l’éducation et à la sécurité ne sont pas réglées. D’ailleurs, on ne doit pas abuser de cet altruisme politique du Chef de l’Etat. Dans ce panorama idyllique, l’Etat doit sauter le pas hic et nunc  en mettant hors d’état de nuire les clubs  fantoches. Dans les années 70, c’est grâce à une volonté politique que le Bénin était passé à 8 clubs (Caïmans du Zou, Dragons de l’Ouémé, Buffles du Borgou, Scorpions du Mono, Lions de l’Atacora, Requins de l’Atlantique, Université Nationale du Bénin et Forces Armées du Bénin) au sein de l’élite. En 2009, c’est également une volonté politique qui a conduit à l’avènement de la Moovligue avec 16 clubs en D1 et 14 en D2. Donc, c’est encore possible. Que les 16 premiers qui pourront satisfaire au cahier de charges de 100 millions FCFA par exemple, jouent en D1 et les 14 autres, peut-être pour 60 millions FCFA en D2. Ainsi, ils n’attendront plus les subventions de l’Etat avant de mieux payer les joueurs. Les subventions viendront en appui. Aussi, l’Etat doit-il œuvrer pour que les jetons suivent aussitôt  les cartons pour les clubs à jour. Sinon, ses efforts risquent d’être annihilés. Car, un proverbe Fongbé enseigne, « A force de trop apparaître dans l’arène, tu finis par décliner ton patronyme ». Le Chroniqueur aurait averti.