Crise au sein du Bloc Républicain: ABT, une victime expiatoire
C’est un doux euphémisme de dire que le parti du Bloc Républicain, chapelle politique soutenant les actions du président Patrice Talon se fait porter pâle. Des démissions enregistrées avant les dernières législatives de janvier 2023 au dernier remaniement en passant les résultats non reluisants des législatives (28 députés), le parti du « Cheval Cabré » est passé par toutes les émotions. La dernière en date, c’est les choix contestés pour procéder aux remplacements de certains membres du parti élus et doivent céder leur place à leurs suppléants. Cette dernière situation ajoutée à la sortie de deux membres du parti du gouvernement fait délier les langues. Certains caciques à visage découvert, d’autres dans l’ombre ont commencé par alimenter la polémique d’une crise qui couvait. Qu’à cela ne tienne. Mais se jeter à bras raccourcis sur le Secrétaire Exécutif National (SEN), Abdoulaye Bio Tchané sonne comme une fuite en avant. Lorsqu’on passe sous les fourches caudines après une trêve électorale et qu’on est frappé au coin du bon sens, cela coule une eau de roche de marquer une pause et de faire le bilan. Ensuite, il est important d’auditer le dispositif mis en place et qui a abouti à ces résultats peu reluisants. Ainsi, il faut analyser les forces et faiblesses. Enfin, entrevoir les menaces et les opportunités. Ce n’est qu’après cet exercice inhérent à toute organisation qu’il faut redéfinir de nouvelles méthodes de management. Mais tant rien de tout ceci n’est fait et qu’on désigne de facto le coupable, ça ressemble à un saut dans une piscine vide.
ABT, le bouc émissaire ?
Le parti du Bloc Républicain, à l’instar des autres partis que ce soit de la mouvance ou de l’opposition traverse des crises cycliques. Il faut d’abord s’assurer du fait avant de s’inquiéter de la cause. D’abord, le système partisan depuis la nouvelle charte régissant les partis politiques en République du Bénin est mis à rudes épreuves. Jadis, le multipartisme intégral avait fait ancrer certaines habitudes. Du coup, avec l’arrivée du système partisan où les « clubs électoraux » doivent constituer un grand bloc autour des idéaux, certaines pratiques qui ont la peau dure refusent de quitter certains. Maintenant, le SEN Abdoulaye Bio Tchané est devenu la bête à abattre pour justifier les échecs de certains. Une rhétorique qui refait surface au moment où certains caciques du parti cherchent des appuis pour rebondir. Débarquer le SEN ABT de la tête du parti ne va pas résoudre la crise qui secoue le parti. Il n’est pas responsable de la cuisante défaite de certains membres influents dans leurs fiefs respectifs lors des dernières législatives. La première raison, c’est l’entrée en lice du parti de l’opposition « radicale » « Les Démocrates » qui ont fait des percées spectaculaires. Leur participation aux élections a déjoué tous les pronostics. Ensuite, le peuple qui ronge son frein depuis un moment a voulu « sanctionner » certains thuriféraires à travers ce vote. Enfin le parti, bien qu’il est resté serein malgré les tonnes de démissions et de débauchages devrait laisser des plumes après ces législatives-là. En somme, le bouc émissaire de la contre-performance n’est le SEN Abdoulaye Bio Tchané. Le ver est dans le fruit. Les vraies et tangibles sont ailleurs. Le Secrétaire Exécutif National n’est juste qu’un fusible qui dérange le circuit et qu’il faut sauter. Sinon, les réelles motivations de cette levée de boucliers sont loin de cette contre-performance. Seuls les auteurs pourront nous édifier.