Bénin : Révision de la Constitution: Vers un deal entre mouvance et opposition ?
A trois ans de la fin du mandat du président Patrice Talon, la révision de la Constitution déchaîne les passions et affole les compteurs. Pendant que les langues se délient par des « vuvuzélistes » pour emboucher la trompette d’un troisième mandat, ça se corse à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, c’est le président Louis Vlavonou qui a ouvert la brèche jeudi dernier lors de son investiture. Qu’on soit de la mouvance ou de l’opposition, la révision de la Constitution reste désormais une poire que chacun doit garder pour sa soif. Un deal dans le troc politique qui pourrait subvenir.
« Ainsi, dans un esprit de concertation, nous pourrions courageusement envisager de porter à la Constitution, les retouches qui s’imposent, en vue de son amélioration constante, tout en conservant les fondamentaux, notamment l’option républicaine et démocratique et la limitation à deux (02), du nombre de mandats du Président de la République ». Ainsi s’est exprimé jeudi dernier, Louis Vlavonou, président de l’Assemblée nationale lors de son investiture. Dans un discours dithyrambique, l’ancien-nouveau président de l’Assemblée a fait preuve d’originalité en ouvrant la brèche sur cette nouvelle intention de révision de la Constitution. Un vœu pieux certainement lorsqu’on sait que mouvanciers et opposants pourraient désormais s’accorder sur le sujet. Cette envie qui déchaîne les passions dans le landerneau politique béninois fait d’ailleurs aux voix qui s’élèvent pour demander au président Patrice Talon de prendre un troisième mandat. Ce qui n’est inscrit nulle part dans la Constitution. Et lorsque le président de l’Assemblée nationale insiste sur les fondamentaux, notamment l’option républicaine et démocratique et la limitation à deux (02), du nombre de mandat du Président de la République pour parachever la métamorphose, ce n’est pas une crotte de bique. Le jeu en vaut la chandelle et le nationalisme semble s’enraciner en chacun de ces acteurs politiques.
Vers un troc ?
Aujourd’hui, la tension politique dans le pays fait que les acteurs (mouvanciers et opposants) se regardent en chiens de faïence. Si du côté de l’opposition qui ne dispose même pas d’une minorité de blocage (28 députés sur 109) pour enrayer une telle velléité de la révision de la Constitution on brandit déjà une loi d’amnistie, les députés de la mouvance peuvent leur opposer une révision de la Constitution avant de lâcher du lest. Dans ce cas, les députés de l’opposition pourraient être en cheville avec leurs homologues de la mouvance pensant tirer parti de leur potentiel. Ainsi, comme chacun verrait midi à sa porte, la majorité mettra le pied à l’étrier. Ce fond de pensée qui veut qu’on ne touche pas aux fondamentaux pourrait in fine instituer un mécanisme pour ranimer la passion. Ce qui pourrait entraîner dans une nouvelle République puisque le nombre à deux (02) du mandat du Président de la République serait toujours maintenu. Le risque est tellement grand qu’il faudrait conserver la passer afin de ne pas aller à cet extrême. La révision de la Constitution ne pourra pas régler définitivement tous les problèmes. La preuve, le fonctionnement de l’Etat n’est pas statique. Il est dynamique et demande chaque jour des mises à jour. Mais, lorsqu’on se réfère aux limites après les premières retouches plus précisément aux lendemains des élections communales et municipales où, l’on a dû recourir à une modification pour faire avancer les choses, il y a de quoi à marquer une pause en ce qui concerne ce chantier. Puisque chacun, en voulant tirer le drap de son côté et au gré de ses intérêts va accepter faire des concessions, va rentrer dans des compromissions et on passerait à côté de l’essentiel. Et c’est le seul qui sera le grand perdant.
A.Z.