Transversale: Un raccourci dangereux !
Très enthousiaste, le Président Patrice Talon a mis le feu aux poudres pour des dirigeants qui font ripaille depuis la rencontre du jeudi 22 décembre 2022 avec les acteurs du football et d’autres disciplines sportives. En donnant, à juste titre une réponse diplomatique plus que favorable à l’épineuse question de la naturalisation des joueurs étrangers, le Chef de l’État avait un compas dans l’œil. « Je pense que les talents qui ne sont pas nés de père et de mère béninois, les talents qui ne sont pas béninois et qui sont des talents … On peut devenir béninois par le mérite. Les meilleurs nigérians veulent être béninois, on les prend. Si les meilleurs brésiliens veulent être béninois, on va les prendre. Ils vont devenir béninois. On va les chouchouter ici », a-t-il martelé. Tels de joyeux drilles, les dirigeants de clubs étaient surexcités puisque la parade est toute trouvée. Il faut désormais courir après la naturalisation des joueurs que d’aller former à la base. Mais ils ont tôt fait d’oublier qu’avant cette réponse, le Président Patrice Talon avait déjà balisé le terrain. « Le sport est une dynamique continuelle qui part depuis l’enfance suivant les âges pour aller au sommet… Que nos équipes vivent après nous. C’est pour la survie des sports », a-t-il insisté. Le message est donc clair. Dans cette observation perspicace du Président Patrice Talon qui s’est beaucoup investi pour le sport en général et le football en particulier, il convient de parachever la métamorphose au lieu de vouloir chercher des raccourcis. C’est un secret de polichinelle que le football est un business. Cependant, cette pratique (cash and carry) avait pendant longtemps fait que le football béninois était dans les choux. Aujourd’hui, l’arsenal mis en place pour booster cette discipline suffit pour ne plus battre l’eau. C’est un doux euphémisme de dire que le sport roi se fait porter pâle. Tous les acteurs savent ce qu’il faut faire pour sortir de ces clichés. Qu’est-ce qui bloque la mise en place de la DTN si tant est qu’on observe une accalmie relative au sein du COMEX de la FBF ? Qu’est-ce qui empêche la formation des formateurs ? Que fait-on du passage des diplômes pour permettre aux entraîneurs et autres encadreurs d’atteindre les niveaux standards de formation ?, etc. Donc, tout le monde sait par où la femme a accouché. Pourtant, on masse la taille. Les enjeux de la formation pour le développement du football sont énormes. Un joueur bien formé est une richesse pour son club et pour son pays. Sous d’autres cieux, ce n’est pas le joueur qui court après une naturalisation. Même si cette porte est lourde, il faut la pousser pour en toucher un mot au Chef de l’Etat qui a déjà prouvé sa volonté intégrale et totale de révéler sportivement le Bénin. Pour pérenniser ses œuvres, il faut un encadrement juridique afin d’éviter qu’elles s’écroulent comme un château de sable. Que des enfants béninois ne soient pas en proie à des concurrences déloyales. Cela tuera en eux tout le talent recherché. Pour enrayer cette perte, nous allons pousser plus loin notre « gloutonnerie » en demandant à « AGBONNON » de doter le pays d’un Centre d’Excellence de formation à l’image de celui de « Salé » au Maroc ou de Clairefontaine en France. Ainsi, il aurait terminé le changement et concrétisé son rêve: « Le mérite sera commun quand nous allons commencer par nous-mêmes, prendre du plaisir à regarder nos enfants jouer », a-t-il conclu. Et cela ne sera rendu possible que par la formation.
En ce début d’année 2023, j’emprunte cette allégorie de Voltaire : « Une bonne année répare le dommage des deux mauvaises » pour souhaiter une bonne année à tous.