Entretien avec Rahman Ouorou Barè, Président CNP-Bénin: « L’enfant handicapé ne doit pas être un enfant de l’arrière cours »
De retour d’une tournée à Tchaourou et à Savè, Rahman Ouorou Barè, Président du Comité National Paralympique du Bénin (CNP-Bénin) s’est confié à votre journal. Il évoque l’objectif de cette randonnée qui s’inscrit dans le cadre de la grande campagne de sensibilisation sur le droit au sport des personnes handicapées. Pour lui, il n’est pas question de ne laisser personne en rade. Aussi a-t-il insisté sur le traitement qu’on fait des enfants handicapés qui sont « cachés » dans les arrières cours.
Que peut-on retenir de votre dernière tournée sportive dans le Borgou et les Collines ?
Messieurs les journalistes je voudrais avant tout vous remercier de votre déplacement. En effet, le Comité National Paralympique du Bénin était à Tchaourou et à Savè dans le cadre du projet qui cadre avec sa volonté d’étendre ses tentacules à toutes les localités de notre pays afin de permettre à toutes les personnes handicapées qui le souhaitent d’adopter les sports para comme meilleur vecteur pour leur inclusion sociale.
Cette activité comme les autres activités mises en œuvre par le CNP Bénin a pour objectifs de sensibiliser les populations de ces localités, les autorités locales, les enseignants d’Education Physique et Sportive, les personnes handicapées elles-mêmes et leurs parents sur la nécessité pour une personne handicapée de faire du sport adapté à sa déficience en raison des bienfaites liés à la pratique d’une activité sportive.
Comme vous le savez l’agenda 2030 objecte de « ne laisser personne de côté », personne y compris les personnes handicapées. C’est pour cela que la personne handicapée et surtout l’enfant handicapé ne doit plus être un enfant de l’arrière cours, l’enfant qu’on cache lorsque ses parents reçoivent de la visite, l’enfant qu’on envoie au village en raison de sa déficience alors que ses frères et parents vivent en ville, l’enfant qui du fait de sa déficience devient un fonds de commerce parce qu’on le dépose très tôt devant églises et mosquées pour revenir le chercher tard la nuit pour faire le point de la mendicité à laquelle il a été contraint. A travers toutes ces activités, nous sensibilisons les parents que les droits et devoirs de l’enfant handicapé, ce n’est pas ça.
Le premier à comprendre cela, c’est bien sûr le gouvernement dont le Ministère des Sports à travers la Direction des Sports et de la Formation Sportive finance cette activité qui sera dupliquée dans deux autres villes du Bénin dans les jours à venir.
Quels sont vos sentiments ?
Je voudrais dire nos sincères gratitudes aux cadres de la DSFS, à son directeur Monsieur NOVIGNON et surtout à Monsieur le Ministre pour l’accompagnement le CNP BENIN ne cesse de bénéficier afin de réellement faire du handisport un levier indispensable pour l’inclusion sociale des personnes handicapées. Je voudrais aussi reconnaitre l’engagement des autorités communales notamment le maire qui été représenté par son service sport dont l’engagement de réparer et mettre aux normes le terrain de basket (arrêt bus) nous a fait beaucoup plaisir. Nous savons compter sur la mairie pour que ce terrain très prisé en raison de sa situation géographique soit réhabilité. Enfin, mes reconnaissances vont à l’endroit des athlètes et encadreurs, membres du CEF et volontaires, responsables d’associations hôtes et leurs membres, de Tchaourou et de Savè, pour leur implication dans ces activités. Le constat est que nous devons maintenir le cap pour faire en sorte que les populations intègrent le handicap comme un tremplin de développement et non un atout pour la mendicité infantile. Il reste vraiment du travail.
Votre mot de la fin
On ne le dira jamais assez, le sport est un droit et ce droit a d’énormes bienfaits en termes de santé, de bien-être physique et mental, de lutte contre la sédentarité, de confiance en soi, d’’autonomisation, d’estime de soi, de lutte contre les préjugés et les pesanteurs sociologiques, d’amélioration de la qualité de vie et d’appartenance à la Nation.
Je voudrais profiter de cette tribune pour rappeler aux responsables de partis politiques engagés dans les élections législatives ou non que les personnes handicapées du Bénin, chaque jour, se battent pour ne plus être de citoyens de seconde zone. Elles luttent avec leurs armes souvent de très faibles calibres contre la force redoutable de l’exclusion et la discrimination qui font d’elles hélas des oubliés de la république. Ces activités nous permettent d’attirer l’attention de ces partis politiques sur l’impérieuse nécessité de prendre en compte les droits et devoirs de la personne handicapée dans le développement tous azimuts du Bénin.
Une fois encore merci au Ministère des Sports à travers sa Direction des Sports et de la Formation Sportive.
Propos recueillis par A.Z.