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Absente aux Championnats du monde USA 2022, Odile Ahouanwanou rompt le silence «: On m’a volé ma place…c’est une responsabilité énorme pour nos dirigeants sportifs »

Championne d’Afrique en titre des épreuves combinées (Heptathlon), l’indétrônable athlète Béninoise, Odile Ahouanwanou n’a pas pu prendre part aux Championnats du monde d’athlétisme qui ont eu lieu aux USA en juillet dernier. Dans l’entretien qu’elle a accepté d’accorder à votre journal, elle se désole des conditions qui ont ponctué son absence à ces Championnats du monde d’athlétisme et situe les responsabilités. Elle n’a pas manqué de  faire part de ses objectifs futurs, ses ambitions pour le sport béninois et ses conseils pour les filles qui pratiquent le sport au Bénin.    

Vous étiez absente aux Championnats du monde d’athlétisme USA 2022 alors que vous étiez qualifiée pour. Dites-nous ce qui s’est réellement passé

C’est vrai. J’étais absente aux derniers Championnats du monde d’athlétisme qui ont eu aux États-Unis cette année. Ce qui s’est vraiment passé ? Ce que je sais. A moins d’un mois de cette compétition, j’ai été informée par la Fédération Béninoise d’Athlétisme qui m’a demandée de faire les démarches nécessaires pour l’obtention de visa. Du coup, je me suis mise à la tâche. J’avoue que cela n’a pas été du tout aisé. Puisqu’il faut trouver un rendez-vous, il faut avoir  un créneau pour aller à Paris et programmer le visa. J’ai fait tout ce qu’il fallait avec le concours des autorités notamment l’Ambassade du Bénin près la France, la Fédération et le ministère des Sports. Elles ont fait ce qu’elles peuvent. Malheureusement, cela n’a pas abouti parce qu’il fallait s’y mettre trop tôt ou que les organisateurs de la compétition fassent en sorte que les athlètes africains  puissent avoir une dérogation spéciale pour l’obtention de leur visa. Ce qui n’a été le cas. Conséquence, plusieurs athlètes n’ont pas pu prendre  part à ces Jeux et je trouve ça dommage.

A quel niveau se situent les responsabilités  de votre absence ?

Je pense que les responsabilités sont partagées. C’est à tous les niveaux. D’abord, l’Ambassade des Etats-Unis à Paris me dit que je devrais anticiper en demandant le visa un peu plus tôt. Dans ce cas, la responsabilité est au niveau de la Fédération de mon pays. Toutefois, lorsqu’on me dit que je ne pourrai pas avoir mon visa dans cette période malgré ma demande, c’est que le World Athletic n’a pas fait son travail, les organisateurs aussi. Alors, ils ont failli à leur mission surtout qu’on est qualifié pour ces Championnats du monde. Moi, je suis qualifiée et je savais qu’à cette compétition, je prendrai ma revanche afin d’améliorer ma performance de 2019 où j’ai été classée 8è. En somme, lorsque je fais le bilan des compétitions, je vois au finish qu’on m’a volé ma place. La responsabilité est énorme pour nos dirigeants de sports.

Parlez-nous de votre saison qui vient de terminer

Malgré cette déception (absence aux derniers Championnats du monde d’athlétisme), je crois avoir fait une saison correcte. Début mai, j’ai fait les interclubs à l’issue desquels tout s’est bien passé. Je suis allée à Gausis pour le grand meeting du monde des épreuves combinées où j’ai fini 8è avec 6174 points. Donc déjà en mai, c’était prometteur parce que j’étais en forme. Ensuite, dix jours après,  j’étais en Île Maurice pour défendre le drapeau du Bénin et conserver mon titre de championne d’Afrique. Ce qui a été fait. Donc, j’ai fait une saison correcte et satisfaisante.

Votre devise, c’est de mieux faire chaque fois. L’objectif est-il toujours le même ?

Ma devise, celle de « mieux faire chaque fois » n’a jamais changé. Je reste focalisée sur mes objectifs, toujours faire mieux que d’habitude. Je travaille sur tous les plans, je travaille pour m’améliorer et pour acquérir plus d’expériences.

Quel regard portez-vous sur le sport féminin au Bénin ?

Aujourd’hui au Bénin, on note une avancée énorme en ce qui concerne le sport féminin. A partir de notre exemple en tant qu’athlètes béninoises, on a montré que le sport n’est pas que l’apanage des hommes. Cela prouve que les Femmes ont leur place dans la société, elles ont leur mot à dire dans le domaine du sport. Ce qui fait que le gouvernement aussi agit positivement dans ce sens en donnant plus de places aux Femmes. Je pense que si on maintient le cap, j’espère que demain, le Bénin puisse faire parler de lui au plan international. Notre souhait, qu’on fasse mieux que nous aujourd’hui. Que le Bénin ait plus de Odile Ahouanwanou, plus de Noëlie Yarigo (Athlète béninoise sur les 400 et 800M et demi-finaliste des derniers J.O et des Championnats du monde USA 2022. Ndlr), etc. On est sur une bonne voie et je crois qu’on ne s’arrêtera pas.

Vos conseils à la génération montante

Je conseillerais aux jeunes filles de croire en leurs rêves, de ne pas baisser les bras et de rester focus sur leurs objectifs. Je leur demande d’être déterminées et de travailler dur. Je les exhorte à ne pas chercher à prendre par des raccourcis (d’autres chemins) pour réussir. Elles doivent donner le meilleur d’elles-mêmes et en être fières chaque fois quand elles font de bonnes choses. De toutes les façons, ça va payer dès lors qu’on sait ce qu’on veut. Quand on se donne à fond, ça finit toujours par porter ses fruits. Donc, je les invite à beaucoup plus de courage et elles y parviendront.

Le petit mot de la fin

Mon mot de la fin, c’est d’abord de vous remercier, vous les journalistes. Mes remerciements vont également à tous ceux qui me soutiennent, tous ceux qui croient en moi et tous ceux qui agissent pour le développement du sport béninois. J’ose croire que le Bénin fera partie des grandes nations de sport sur le continent et dans le monde entier. Je m’en voudrais de ne pas adresser mes sincères salutations au peuple béninois et ma famille.

Propos recueillis par Ambroise ZINSOU