Transversale: Vous avez Report ?
« Chassez le naturel, il revient au galop » ! La Fédération Béninoise de Football est désormais au taquet au point de se piquer la ruche. Pour ne pas se laisser prendre sans vert, l’instance faîtière du sport-roi béninois pour une première fois, avait décidé de jeter l’ancre dans un calendrier clair et cohérent juste au lendemain de l’installation du nouveau bureau exécutif plébiscité (69/69). Une image d’épinal, puisque le 15 septembre 2022, par correspondance N/Réf : 542/2022/FBF/PDT/SG/SA adressée aux présidents de clubs et signée du Secrétaire Général de la FBF, le championnat national de football est reporté sine die. « Nous sommes au regret de vous annoncer que le démarrage du championnat professionnel saison 2022-2023 initialement prévu pour démarrer le 24 septembre est reporté à une date ultérieure ». Qu’à cela ne tienne ! Toutefois, cela fait le deuxième acte de rétropédalage en moins d’un mois de gestion. La campagne de détection de jeunes talents pour le compte du Centre de Formation de N’Dali lancée par le Directeur Technique National intérimaire a été aussi renvoyée aux calendes grecques. La bondée, le communiqué du report stipule encore que : « les négociations sont en cours avec les Autorités de tutelle afin de trouver une solution aux questions des subventions aux clubs et de salaire des arbitres ». La preuve qu’on n’est pas dans l’anticipation. Sinon, qu’est-ce qui empêche de lever cette limitation avant de programmer le démarrage dudit championnat. D’ailleurs, ce championnat avec son format inédit de 36 clubs écrase toute concurrence et fait le lit à la médiocrité. Les équipes béninoises en ont pris pour leur grade lors des tours préliminaires des compétitions interclubs de la Caf saison 2022. Deux matches (aller et retour) et ils sont déjà out. Depuis l’épopée d’ESAE Fc, aucun club béninois n’a plus passé ce cap. La maladie empire. Si rien n’est fait pour enrayer cette perte, ce format qui consiste à quitter directement la D3 pour la D1 ne peut pas sauver du naufrage. C’est une évidence que les clubs ont besoin de moyens financiers pour tenir au cours d’une saison dans un championnat dit « professionnel ». Mais les dirigeants du football béninois doivent cesser de se battre contre des moulins à vent en ce qui concerne les subventions. Le Gouvernement de la Rupture a eu l’ingénieuse idée d’exiger le 1/1000 aux sociétés publiques comme privées sur leurs chiffres d’affaires. Une décision audacieuse qui devrait permettre d’attaquer la pente du professionnalisme. Cependant, la parade est toute trouvée. Les sociétés elles-mêmes achètent les clubs pour devenir propriétaires afin de priver d’autres clubs de bénéficier de ce 1/1000. Ce qui donne lieu à un déséquilibre puisque les clubs (Sociétés sportives) qui disposent plus de moyens vont toujours attirer les meilleurs joueurs. Donc, les mêmes clubs risquent de survoler le championnat pendant 5 ou 10 ans. Alors que si les 1/1000 sont rassemblés et redistribués à 14 ou 16 clubs de D1 à hauteur environ de 100 millions de francs CFA par club et le reste aux clubs de D2 (18 clubs) et D3 (20 clubs), on peut vaincre cette obstination. Les dirigeants de clubs doivent cesser de tenir le bec en l’eau aux joueurs même s’il faut cracher au bassinet. La volonté politique est entière et totale. Néanmoins, ce qui fait la différence entre un désert et un jardin, ce n’est pas l’eau, mais plutôt les hommes. Et la FBF doit sauter le pas.
Ambroise ZINSOU