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Après sa sanction Constance Meffon rompt le silence: «Je suis la dame à abattre au basket-ball béninois »

En marge du match de gala Abaf-Gbégamey contre 2A-Foot le dimanche 14 août 2022, la présidente  de 2A-Foot Bénin, Constance Meffon s’est prononcée sur sa sanction par la Fédération béninoise de basket-ball. Pour la vice-présidente d’Énergie basket-ball, cette sanction est comme de l’eau versée sur le dos du canard. A l’en croire, c’est juste un acharnement contre sa personne parce qu’elle relève les incongruités de cette fédération. 

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le sport féminin en général et les grandes avancées qui sont observées avec le Gouvernement Patrice Talon ?

Dans le sport féminin, il y a le sport collectif et le sport individuel. Pour ce qui est du sport individuel, j’estime pour ma part qu’il y a des individualités quand bien même la plupart de nos athlètes sont à l’étranger. Aujourd’hui il y a Odile Ahouanwanou, Noëlie Yarigo et bien d’autres qui font la fierté du Bénin. Pour ce qui concerne le sport collectif, j’avoue qu’à ce niveau, il y a des choses à corriger de façon générale que ce soit au basket-ball, au volley-ball et au football. Au football, on note une petite avancée puisque depuis deux ou trois ans, il y a un championnat qui s’organise de façon régulière, même s’il y a des choses à reprocher. Au niveau du basket-ball, ce qui se passe n’est pas souhaitable. La preuve, en ce moment précis, il y a une équipe masculine (3X3) qui est en Égypte. En principe, l’équipe féminine devrait suivre. Contre toute attente, les autorités ont demandé que l’équipe féminine reste à la maison. Ce qui veut dire qu’à ce niveau, il reste encore du boulot. Récemment, le volley-ball était sur le plancher, on a vu le résultat. Ce n’est pas encore ça.

En parlant particulièrement du football féminin, je salue cette vision des décideurs, celle qui consiste à imposer  des équipes de football féminin au sein de tous les clubs. Je salue cette vision, je félicite aussi la Fédération béninoise de football pour avoir accepté cette vision.   Et je profite pour dire qu’il reste encore des choses à faire tant au niveau des animateurs, je veux parler des responsables de clubs parce qu’il n’y a pas encore l’organisation qu’il faut. Le management pose véritablement problème. Au niveau des joueuses, il y a plein de choses à revoir.  Je ne suis pas tellement d’accord du fait qu’on fasse une ouverture pour les joueuses étrangères. Mais il paraîtrait que c’est pour emmener les nôtres à pouvoir faire. Si tel est le cas, nous allons attendre d’ici deux ans pour voir ce que ça va donner. Si ce n’était pas le cas, les autorités à divers niveaux vont prendre les dispositions qui s’imposent.

Au plan national, quand on joue le championnat national, il faut s’exporter. Et vous avez vu les récentes sorties de nos équipes nationales (Junior et senior). Ce n’est pas encore ça. Il va falloir préparer la relève. Et c’est notre rôle au niveau de 2A-Foot en tant qu’anciennes footballeuses. Nous avons besoin de la pépinière au niveau du football féminin et l’imposer comme discipline phare au niveau des classes sportives. Voilà ma vision générale.

Vous venez de purger une sanction de 3 mois infligée par la Fédération béninoise de basket-ball au motif de comportement antisportif. Vous avez observé le mutisme depuis l’annonce de cette sanction. Qu’avez-vous à déclarer ?

(Sourire). Cela fait déjà trois mois. C’est vrai! Dans le milieu du sport, pour ceux qui me connaissent et qui ont lu la sanction, ils doivent savoir  que « comportement anti sportif », ce n’est moi ça.  C’est tout le monde sauf Meffon Constance. J’ai pris sur moi la responsabilité de ne pas interjeter appel, de ne pas aller vers la Fédération pour en savoir davantage. Je me suis tue simplement. Ce n’est pas que je n’ai rien à dire. Au contraire,  j’ai bien beaucoup de choses à dire. Mais je me dis, de par mes expériences, de par ma carrière dans le sport en général et au niveau du basket-ball, du football en particulier, le silence est grand. Je n’ai pas voulu intervenir. Si je devrais intervenir, cela allait créer un tôlée général. Cette sanction pour moi, c’est comme de l’eau versée sur le dos du canard simplement parce que je suis la dame à abattre au niveau du basket-ball. La Fédération en place pense peut-être que tout ce qu’elle fait actuellement est sur les rails. Il ne faut reprocher quelque chose, il faut se taire. Je vais vous deux ou trois petites choses. Quel est ce championnat qui plus est, une Ligue professionnelle  qu’on veut démarrer  sans une réunion technique ? Encore que tout le monde quel que soit la discipline, on est en expérimentation.  On veut faire un championnat et on ne fait pas de réunion technique. On envoie juste un mail et on dit ok, vous devez commencer. Et tout le monde doit se taire. Non ! Moi, responsable, Vice-présidente d’Energie basket-ball club, j’ai réagi. Pour la saison 2021-2022, on n’a pas fait de réunion technique. Déjà en 2020-2021, on a fait un semblant de réunion technique  en ligne et on  prétextait de Covid. Mais pendant la Covid même là, on a fait assemblée générale élective dans le non-respect des gestes barrières liés au Covid. J’ai fait savoir ma désapprobation partout parce que c’est au cours de la réunion technique, qu’il faut définir certains nombres de choses (sur quelle base il faut jouer le championnat, les terrains homologués, les règles du jeu, etc). Lorsqu’on ne fait pas une réunion technique, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. Les arbitres tels qu’ils sont, tout le monde les connaît. Il en a de bons, il en a de mauvais. On siffle ce qu’on veut. On peut programmer les mêmes arbitres sur trois quatre matches. Deuxième chose, sans les acteurs que sont les responsables de clubs, il n’y a pas de fédération. J’exige tout au moins un minimum de respect vis-à-vis de ces acteurs qui mettent la main à la poche. En plus de ce que fait déjà Énergie, je sors de l’argent de ma poche pour alimenter un tant soit peu la base chez nous en ce qui concerne le regroupement des petites catégories. Je le fais et je ne sais pas combien le font au sein cette fédération-là. Donc,  aucun respect pour les responsables de clubs. C’est une chose inadmissible par rapport à moi,  ma carrière de jeu. Troisième chose. On a fini le championnat des petites catégories. C’est juste  deux ou trois  matches et puis c’est fini. Mais depuis deux mois, on n’a pas encore programmé les phases finales. Aucun membre de la fédération ne s’en préoccupe. Mais on est où ? Dans ce milieu-là, je suis la seule à pouvoir dénoncer ces genres de choses. Si je me suis tue, je me suis dit que c’était simplement de l’acharnement contre une dame qui a osé et qui ose relever les incongruités de cette fédération. Et dites-vous que je n’ai pas encore fini de le faire parce que vous avez bien dit, c’est le 12 dernier. Un adage dit que le chien aboie, la caravane passe. Mais là, la caravane reprend du service dès cet instant.

Vous êtes une ancienne énarque et un cadre A1 de l’administration de la SBEE. Les études ne vous ont pas empêchée de pratiquer plusieurs disciplines et d’assumer aussi vos fonctions de dirigeante sportive. Quel message avez-vous à l’endroit des parents ?

Autant que nous sommes, nous devons aller au contact des parents.  Ce n’est plus le verbiage. Il faut  créer un creuset et s’organiser (athlètes, basketteuses, volleyeuses, footballeuses, etc). Il faut aller au concret et ce concret pour moi, c’est que toutes les femmes,  quel que soit la discipline qu’elles ont pratiquée le sport aillent chez les parents pour leur parler, leur dire en réalité. C’est vrai que vous dépensez de l’argent sur les enfants, mais le sport aussi peut leur apporter beaucoup. Donc, pour moi, c’est du concret.

Propos recueillis par Ambroise ZINSOU