Transversale: Rois sans couronnes !
Avant tout propos, je tire chapeau à Coton Sports Fc qui, dans cette course à l’échalote a pu toucher le Graal en terminant Champion du Bénin pour le compte de la saison 2021-2022. « La bête à abattre chaque week-end » selon son coach Victor Zvunka a eu une offre excédentaire pour confirmer sa suprématie lors de la Super Ligue Pro. Je salue au passage l’élégance et le fair-play d’un gentleman, Gilles Gbaguidi, Président de Espoir Fc de Savalou qui a mis les petits plats dans les grands pour accueillir avec tous les honneurs le club Champion dans la cité des Soha lors de cette dernière journée. Mais hélas ! La fête a été gâchée puisqu’en lieu et place du trophée symbolisant le titre de la saison, les joueurs ont « soulevé » leur entraîneur. Idem à Aplahoué pour Takunnin Fc de Kandi qui avait terminé Champion de la Ligue Pro Suite ce même soir du mercredi 15 juin 2022. Aucune breloque comme reconnaissance à ces clubs qui se sont battus pour en arriver là. Une situation qui plonge le football béninois dans l’abîme et l’immobilisme. D’ailleurs, le Chroniqueur s’insurge contre ce format inédit du championnat qui écrase toute concurrence et qui fait le lit à la médiocrité. Partout au monde, tout championnat est pondéré (D1, D2, D3, etc). Ce qui permet aux meilleurs des divisions inférieures d’accéder aux divisions supérieures et par finir, à l’élite. Le Bénin n’est pas un hameau derrière le village. Donc, on doit pouvoir sauver son sport-roi de cette déchéance. La Fifa a été claire, lorsqu’elle demande aux pays qui n’ont pas assez de moyens de jouer leur championnat d’élite à partir de 14 clubs. Cette formule fourre-tout « made in Benin » reste une légende méconnue pour boucler la boucle. La sentence de la Fédération Béninoise de Football (FBF) de ne pas récompenser les meilleurs clubs depuis plusieurs saisons a du vent dans les voiles. L’avènement des « Sociétés Sportives » ouvrant désormais le boulevard au professionnalisme, ne permet plus aux dirigeants de clubs de rester entre deux eaux. Ils ne doivent plus courir comme des dératés pour s’engager dans des compétitions sans issues. Peu me chaut si la FBF logeait le diable dans sa bourse pour niveler par le bas. Toutefois, elle doit éviter de tirer le diable par la queue et de ne pas prendre un râteau en baissant les bras. Cependant, on ne peut pas engager les ressources financières d’une Société Sportive dans une compétition sans jeter l’ancre sur les règles qui la régissent. Aujourd’hui, c’est un doux euphémisme de clamer haut et fort que le football béninois ne souffre plus de volonté politique. Il souffre plutôt d’un mauvais casting des ressources humaines en charge de sa gestion. Avant de démarrer un championnat qui fait saigner les dirigeants de clubs, on doit savoir à l’avance combien empochera le vainqueur. Ce n’est pas à la fin qu’il faut recourir à une fameuse Assemblée générale pour décider de combien recevront les vainqueurs. Cela peut donner lieu à du copinage et pourrait se faire aussi à la tête du client. Comme le martèle un proverbe chinois : « Les professeurs ouvrent les portes mais vous devez entrer vous-même ». Maintenant que rien n’est décidé jusqu’à la fin, les Champions pourront-ils tout au moins recevoir leurs différents trophées pour garnir leurs armoires en attendant les chèques ?
Ambroise ZINSOU