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Interview avec Victor Zvunka, DS et coach de Coton Fc du Bénin: « Quel entraîneur refuserait une sélection nationale ? »

Né le 15 novembre 1951 au Ban-Saint-Martin, Victor Zvunka est un ancien footballeur international français reconverti entraineur. Actuel Directeur Sportif et coach de Coton Fc du Bénin, l’ancien entraîneur d’Horoya en Guinée Conakry a traîné sa bosse un peu partout. En poste depuis bientôt un an au Bénin, il se confie à votre journal. Il parle de ses expériences, du niveau du championnat béninois et de ses objectifs pour le club de Coton. Il n’a pas manqué de dire toute sa volonté de prendre la sélection du Bénin.
Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Victor Zvunka, Directeur sportif et entraîneur de Coton Fc du Bénin. Nous sommes une famille de footballeurs. J’ai deux autres frères qui ont été professionnels (Georges Zvunka et Jules Zvunka, ndlr) à Metz et à Marseille. Nous trois, on a pratiquement plus de 1000 matches en première division.
Parlez-nous un peu de votre parcours en tant que joueur et entraîneur
Rien que pour moi, j’ai joué pendant 8 ans avec l’Olympique de Marseille. J’ai 299 matches avec l’Om, j’ai près de 400 matches en première division. J’ai débuté ma carrière avec le Fc Metz dans la catégorie des jeunes de 11 à 22 ans. Après, j’ai signé à l’Olympique de Marseille. J’ai fait deux années à Laval et j’ai fini ma carrière au Matra Racing où, on est monté en première division. Avec l’Om, j’ai gagné une Coupe de France et j’ai fini 2è du championnat. J’ai eu la chance d’être sélectionné en équipe de France Espoir. J’ai joué avec de très grands joueurs dont Marius Trésor. Puis, avec Matra Racing, on est monté aussi en première division et trois ans après, plus précisément le 2 janvier 1985, je suis passé entraîneur du Matra Racing. Donc, je suis resté quatre années au Matra Racing où, je me suis occupé du Centre de formation et après, je suis repassé chez les professionnels. Ensuite, j’ai entraîné pas mal de clubs de première et deuxième divisions. Je suis descendu en troisième division avec Châteauroux, mais on est remonté et on a terminé champion. On a gagné le titre de National on a gagné le titre de champion de deuxième division. J’ai fait aussi une finale de Coupe avec Châteauroux contre Psg qu’on a malheureusement perdu (1-0). On a fait quand même la Coupe d’Europe, c’était extraordinaire. Je suis d’ailleurs le seul entraîneur de deuxième division à avoir gagné la Coupe de France en 2009 (avec l’international milieu de terrain béninois Mouri Ogoubiyi, ndlr). Sur les 110 ans de la Coupe, on est que deux entraîneurs (1959 et 2009) à l’avoir gagné en étant qu’entraîneurs de deuxième division. Ce qui m’a permis aussi dans ma carrière d’entraîneur de faire débuter de jeunes joueurs qui ont eu des carrières exceptionnelles (Fabien Barthez et Florent Malouda). J’ai également fait quelques passages à l’étranger notamment à Lausanne en Suisse, au Portugal, en Algérie, en Tunisie. J’ai passé trois ans en Guinée Conakry avec Horoya. J’ai fait monter cette équipe qui a été trois fois championne, deux Coupes de Guinée et une Super Coupe et qui s’est qualifiée la deuxième année pour la Coupe de la Caf. Et pour le compte de la troisième année, elle s’est qualifiée pour la phase des poules et a atteint les quarts de finale de la Ligue africaine des champions. Donc, cela a été aussi quelque chose d’extraordinaire et m’a permis aussi d’avoir une expérience de l’Afrique de l’Ouest.
En prenant les rênes de Coton Fc, dites-nous quelles étaient vos intentions ?
Alors ! J’ai accepté de prendre les rênes de Coton Fc parce que séduit par le projet. D’abord, il fallait construire quelque chose. Et j’ai toujours été très intéressé en tant que joueur et en tant qu’entraîneur dans les projets des clubs. J’ai participé souvent à des réunions pour les recrutements, pour les budgets. Donc, ça m’a intéressé et quand j’ai eu une première discussion avec Joël Devalier on a tous les deux décidé de travailler ensemble. Il a fallu se mettre au boulot. Il fallait d’abord monter un staff. J’ai trouvé assez rapidement un entraineur adjoint local et un entraîneur des gardiens de but. Il me fallait un préparateur physique parce que je trouve très important le projet. Je l’ai trouvé en France. On a un Docteur et deux Kinésithérapeutes. Comme accompagnement, on a trouvé trois anciens internationaux qui viennent nous aider. Ils sont là pour suivre les matches et viennent aussi de temps en temps parler aux joueurs de leurs expériences, de les guider et de les corriger sur le terrain. Je pense que ça aussi, c’est quelque chose de très important. Mais le plus important, c’est de mettre en place une équipe. Comme je suis arrivé à fin mai 2021, j’ai pu suivre la fin du championnat de l’année dernière. Donc, j’ai pu faire des choix pour des postes. Je me suis d’abord servi des petits jeunes de Tanekas Fc qu’on avait sous la main. Et puis, comme ils étaient avec pas mal d’expérience, j’ai fait des listes et j’ai marqué à tous les postes les joueurs qui pourraient m’intéresser. Il y avait une trentaine de joueurs. Ensuite, je me suis rapproché des adjoints qui connaissent bien le championnat. On a discuté pour les joueurs et on a pu avancer dans le recrutement. Pour ce qui concerne les étrangers, c’est ce qu’on connaît, les coups de téléphone à gauche et à droite. La deuxième chose, c’était aussi un objectif du président (Lionel Talon, ndlr). Il veut participer à quelque chose. Je voulais aussi voir si ma venue pourrait apporter une plus-value à son club. Je pense que mon expérience déjà des clubs en Afrique et puis d’essayer naturellement. Parce que, j’ai presque 15-20 ans de joueurs professionnels en tant qu’entraîneur. Je peux faire profiter le club et les joueurs. Un troisième objectif important, c’est de me demander d’essayer de terminer parmi les deux premiers et de participer à une Coupe africaine. Cela aussi est important. Je l’ai fait avec Horoya. Donc, ce sera extraordinaire de le faire aussi avec Coton Fc. Quand on en a discuté, j’ai compris que c’est important de faire le nécessaire dans le choix et l’envie de venir aider et d’y arriver.
Quels étaient les objectifs pour cette saison 2021-2022 ?
Je dirai tout de go que les objectifs pour la première phase du championnat ont été atteints. Vous savez, quand on met un pas sur le recrutement avec un effectif de 27 joueurs, on sait très bien que ça va être difficile. On sait qu’il risque d’avoir de petits ratés. Je pense que globalement, on est très satisfait. On a bien travaillé. Dans tous les matches, on a essayé d’être le plus performant possible. Je pense que la mayonnaise a pas mal marché. Sur la fin, il y a eu deux ou trois petites choses qui ont moins bien marché. Le seul petit bémol, c’est qu’on est sur le plan défensif un peu trop laxiste. C’est un complément qu’il faudra essayer de travailler et d’améliorer.
Quel est alors l’objectif final pour le compte de cette saison ?
Pour les objectifs pour la fin, rien ne changera. Le principe de départ reste le même, c’est de tout faire pour se qualifier pour une compétition africaine. Ça veut dire qu’il faille nécessairement aller chercher l’une des deux places qualificatives. Je suis conscient qu’il y a beaucoup d’équipes qui ont envie de se qualifier aussi. Les grosses cylindrées (Loto Popo, Buffles Fc, etc, ndlr) sont toujours à l’affût. C’est vrai que lors de la première partie, on était l’équipe qu’il faut abattre tous les week-ends. Cela va continuer pour le reste de la saison.
Vous venez ainsi de découvrir le football béninois dans un championnat à format inédit. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Pour l’avenir du football au Bénin, je pense que c’est une première pour moi dans ce championnat de se retrouver dans une première phase avec quatre groupes. C’est peut-être une restructuration qui a voulu être mise en place. Je pense qu’à un moment donné, si on veut faire progresser le championnat et faire progresser nos joueurs, il va falloir jouer un championnat avec 16 équipes. Terminer les phases de groupes, faire des montées et faire des descentes. Je pense que c’est ce qui va surement améliorer et va donner plus de valeur à nos équipes qui vont se qualifier pour les Coupes africaines. Il faudra également que les clubs essaient de se rapprocher les uns des autres. Si le Bénin veut avoir des équipes compétitives et veut passer certaines étapes en Ligue africaine des champions, en Coupe de la Caf, même pour la Can ou du Chan, il faut absolument que des joueurs de qualité puissent à un moment donné se retrouver dans des compétitions de haut niveau. Cela va les faire progresser. Je pense que si on arrivait à trouver un bon compromis pour ça, on devrait essayer de les améliorer, surtout pour leurs carrières au niveau des clubs, au niveau national à travers les équipes nationales (A et A’) et puis au niveau internationale avec des expériences à l’étranger. On voit très bien que dans d’autres nations telles que le Mali, le Cameroun, le Sénégal… etc, il y a beaucoup de joueurs qui jouent à l’étranger. Ils ont ainsi l’occasion de côtoyer un autre football et de progresser. Je pense qu’on doit les préparer ici afin de pouvoir les utiliser pour qu’ils puissent aller monnayer leurs talents à l’étranger. Et cela fera du bien pour l’équipe nationale. C’est un gros travail qui demande un peu de temps et qui devrait être très intéressant sur la durée.
In fine, est-ce que vous êtes tentés par la sélection nationale dont le poste de sélectionneur est vacant ?
Quel entraîneur refuserait de prendre une sélection nationale ? Pour moi, la réponse est oui. Depuis quarante ans que je suis le terrain du football, j’ai un peu d’expériences. Donc, je pense que l’équipe nationale pourrait me servir. Il y a aussi le Coton Fc à la tête duquel j’ai aussi des objectifs, la première ou la deuxième place.
Votre mot de la fin
Je pense que le football béninois a de la qualité. Maintenant, je souhaiterais qu’on essaye de faciliter les étapes. Je pense que déjà, il faudrait que nos clubs essayent de passer les tours préliminaires des deux coupes africaines. Ce serait déjà une bonne chose parce que ça nous permettrait d’avoir des points. Et ces points pourraient profiter à d’autres équipes du pays. Aujourd’hui en Guinée, grâce aux performances d’Horoya, il y a deux clubs qui jouent en Coupe de la Caf et deux clubs qui jouent en Ligue africaine des champions. Je pense que cela contribuerait à donner plus de valeur à notre championnat. Ensuite, je voudrais que l’équipe locale se qualifie aussi pour le Chan, cela voudra dire que dans notre championnat, on travaille bien et on progresse. J’aimerais pour finir souhaiter que l’équipe nationale passe la qualification pour la prochaine Can Côte d’Ivoire 2023. Ce sera une bonne chose parce que ça nous permettrait de nous juger par rapport à d’autres autres équipes nationales. Ce sera une visibilité supérieure pour le championnat du Bénin. Il faut se prendre au sérieux pour y arriver.
Propos recueillis par Ambroise ZINSOU